A
Strasbourg, lors des «Premières Assises Françaises de Sexologie et de
Santé Sexuelle», dont chacun reconnait qu’elles furent un succès, une
session de travail explorait le chemin de la violence à la perversion.
En tant que co-président avec Maryvonne DESBARATS, de cette session, je
tiens à remercier particulièrement les orateurs pour la qualité de leurs
communications dont la transcription fait ici le cœur de ce numéro de
Sexologos. Au fil de ces journées et de nombreuses communications, il a
été évoqué à plusieurs reprises, l’évolution et la plasticité des normes
des comportements sexuels selon les époques et les cultures. Notre
session s’inscrivait parfaitement en complément de cette exploration,
par le cheminement qu’elle proposait dans la part la plus sombre de la
sexualité et de son évolution.
La sexualité dite normale n’est pas une donnée de la nature humaine si
nous acceptons de laregarder dans sa dimension psycho-dynamique, hors
d’un champ strictement biologique. Dans cette dimension psycho-sexuelle,
elle se pose comme un problème, peut être même le problème majeur de
l’inconscient.
Enjeu de pulsions qui n’étaient que partielles, la sexualité humaine ne
se détache jamais de ses origines et malgré le caractère unifiant de la
génitalité et de la relation d’objet, elle ne va pas de soi. Parce que
l’objet et le but de la pulsion sexuelle sont variables, celle-ci
contient en soi une virtualité perverse : “La prédisposition aux
perversions, nous dit FREUD, n’est pas un trait exceptionnel, mais elle
est un élément de ce que l’on tient pour la constitution normale.” Notre
sexualité articule à chaque instant, le désir, la jouissance et la loi à
l’endroit d’un conflit primordial entre des forces de liaison (EROS) et
des forces de déliaison (THANATOS). Le monstrueux serait-il donc en
chacun de nous?
En avant-propos, et puisque l’Europe a marqué de son empreinte
Strasbourg, voilà quelques chiffres donnés au Conseil de l’Europe par la
commission européenne pour l’égalité des chances en Juillet 2002. Dans
l’ensemble des pays de l’UE, 1 femme sur 5 subit au cours de sa vie des
violences infligées par son mari ou son compagnon. Chaque semaine, une
femme est tuée par son conjoint, et pour les femmes de 14 à 45 ans, la
violence familiale est la première cause de mortalité ! On peut
malheureusement penser que ces chiffres n’ont pas diminué.
Je vous laisse explorer, en compagnie de nos orateurs les différents
champs sémantiques de cette session de travail, qui vont du consentement
à l’excitation, de la violence au délit, de la loi à la preuve, du
fantasme à l’imaginaire et bien sûr au désir.
|