40 ans de SFSC

 
 

Ma formation de sexologue et la création de la SFSC en 1974.
 

Avec le Dr Ludwig Fineltain, nous avons suivi le même cursus : l'internat, la psychanalyse et la sexologie. Et, le plus extraordinaire est que nos psychanalystes étaient voisins et nous nous sommes rencontrés dès 1970, au bistrot d'en face, nous prenions nos sandwichs à la même heure, je me rappelle de ce café à l'angle de la rue de Bellechasse et du boulevard Saint Germain. Nous avons passé 4 ans à discuter et réfléchir à la création de cette Société Française de Sexologie Clinique. Malheureusement Ludwig n'a pas participé à la création de la SFSC.

En décembre 69, le Docteur Léon Chertok, qui était hypnotiseur et psychanalyste, m'a demandé de venir travailler avec lui à l'Institut de Médecine Psychosomatique qui était 64 rue du Rocher, Paris 8e. J'ai accepté à la condition que ce soit une consultation de sexologie. Il a accepté immédiatement, le Dr Léon Chertok avait un esprit ouvert, tandis qu’à l'Hôpital Sainte Anne, ma proposition avait été refusée. Je l'avais proposée au Dr Jean Delay, ou à son successeur le Dr Picho peut-être.

En décembre 69, je pense que je devais être un des premiers, avec Michel Meignant, à afficher une consultation de la sexologie. Cette consultation de sexologie a démarré à l'Institut de Médecine Psychosomatique qui s'appelait l'Institut Degerine, qui était une annexe de l'association L'Elan Retrouvé, rue de la Rochefoucauld. Cet Institut de Psychosomatique avait été ouvert pour le Dr Chertok et il en était le directeur. C'était mes débuts en sexologie. Ce qui m'a surpris, c'est que je voyais beaucoup de maghrébins, surtout des algériens, qui à l'époque parlaient très peu le français, et j'en ai parlé au Dr Chertok qui m'a dit avoir quelqu'un de très bien pour m'aider à les comprendre, c'était, à l'époque, un jeune étudiant de sociologie nommé Tahar Ben Jelloun, qui pendant trois ans m'a servi d'interprète à la consultation de sexologie et il a écrit un livre sur cette consultation... dont le tire est "La plus haute des solitudes" où mon nom est cité à plusieurs reprises.

Nous en étions au tout début de la sexologie. Un autre évènement important aussi, a été ma rencontre avec Dr Tordjeman, à la Société de Médecine Psychosomatique en 1972, lors d'une grande réunion à l'Académie de Chirurgie sur l'impuissance sexuelle, rue de Seine et dont le compte rendu, que j'avais réalisé, a été publié dans la Revue de Médecine Psychosomatique. Nous étions assez nombreux, il y avait René Held, Madame Dreyfus-Moreau, qui avait écrit un livre sur l'impuissance, mais entièrement psychanalytique, il y avait moi qui était le coordinateur de cette réunion en tant qu'assistant de Dr Chertok et un des secrétaires de la Société de Médecine Psychosomatique avec Sapir. Il m'avait dit "tiens on va organiser une soirée sur l'impuissance sexuelle puisque c'est un sujet qui vous intéresse" et puis il y avait une très grande clientèle à l'Institut de la Rochefoucauld, la consultation était pleine...

A la sortie de cette réunion, j'ai discuté sur le trottoir avec le Dr Tordjeman, et nous sommes allés prendre un pot. Mais ce n'est qu'en 1974 qu'émerge l'idée de créer une Société de sexologie et je suis sollicité pour y participer. Nous nous sommes retrouvés au restaurant La Coupole, il y avait Gilbert Tordjeman, Michel Guenkine, Michel Meignant, Jacques Waynberg, Gérard Vallès et moi. Nous avons mis chacun cent francs sur la table pour pouvoir payer les frais d'insertion au Journal Officiel et faire la déclaration à la Préfecture. Et cela a paru au Journal Officiel... Cette réunion s'est passée en février 74 et l'association a été déclarée au Journal Officiel en avril 1974. Ah oui, alors pourquoi avons-nous créé cette association ? Parce qu'on venait d'apprendre que Jacqueline Kahn-Nathan organisait le premier congrès mondial de sexologie, peu de temps après.

Là, c'était l'occasion ou jamais de s'affirmer, de s'afficher, disons, comme sexologues. Voilà ce qui a déclenché notre création de la SFSC... Curieusement, personne ne voulant être président, le groupe m'a désigné bien que je n'aspirais pas à cette fonction, mais enfin, j'étais peut-être celui qui avait le moins de désir de prendre le pouvoir, peut-être se sont-ils dit que Gellman n'était pas dangereux. Je me suis dévoué en somme, pour aller à la Préfecture, déclarer l'association, envoyer quelques courriers….et je suis resté président de la Société Française de Sexologie Clinique pendant 22 ans jusqu'en octobre 97, en ayant été réélu tous les deux ans.

Nous sommes partis de la direction de la SFSC (ou je suis toujours inscrit comme participant), je dirais volontairement, pour céder la place à une nouvelle génération, une équipe plus jeune.

Les fondateurs de la Société Française de Sexologie Clinique sont donc Tordjeman, Guenkine, Waynberg, Vallès, Meignant et aussi Pierre Vellay et Teboul.
Au bout de deux ans Waynberg est parti pour fonder sa propre association, l'Institut de Sexologie, et puis Michel Guenkine s'est mis sur la touche, car il se sentait beaucoup plus psychanalyste, il a même écrit un livre dans ce sens-là, "Le sexe roi se meurt".

Finalement je viens d'avoir 81 ans et je suis encore adhérent de la SFSC.


 
Charles GELLMAN
 

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