Les troubles neurocognitifs chez les
patients infectés par le VIH constituent un
problème d’actualité. Même si l’usage généralisé
des combinaisons antirétrovirales
(HAART) a entraîné une forte régression des
complications neurologiques les plus graves
comme les démences associées au VIH, la
prévalence des troubles neurocognitifs augmente
de plus en plus.
Présentées par le Pr Scott Letendre (Université
de Californie, San Diego), l’étude américaine
CHARTER (CNS HIV Antiretrovial Therapy
Effects Research) et les études françaises
Neuradapt (cohorte niçoise), ANRS CO3
(cohorte Aquitaine) et SIGMA (cohorte hôpital
de Bicêtre, le Kremlin-Bicêtre) montrent
qu’environ un quart des patients séropositifs
sous traitement antirétroviral, et malgré une
bonne efficacité virologique, souffrent de
troubles neurocognitifs. Chez les sujets âgés
de 60 ans et plus, ce problème concerne près
d’un séropositif sur deux (étude SIGMA) alors
que dans la population générale 3% des personnes
du même âge sont concernés.
Depuis quelques années, la question de la
pénétration intracérébrale des antirétroviraux
est un élément important de préoccupation.
Le Pr Scott Letendre et ses collaborateurs
ont modélisé une classification des
molécules antirétrovirales basée sur une évaluation
hiérarchisée tenant compte de leurs
propriétés physicochimiques, de leurs profils
pharmacocinétique et pharmacodynamique.
Ils ont ainsi déterminé le score Charter
ou score CPE (CNS Penetration Effectiveness
Score) d’une combinaison antirétrovirale,
comme la somme des scores individuels de
chaque molécule, un score élevé correspondant
à une meilleure pénétration qu’un score bas.
L’intérêt potentiel d’un traitement «neuroactif» reste à confirmer chez les patients infectés
par le VIH, naïfs d’ARVs pour la mise en
route du premier traitement, ainsi que chez les
patients déjà traités par une combinaison
d’antirétroviraux.
L’apparition d’un trouble neurocognitif,
même lorsque la charge virale est indétectable,
impose de modifier éventuellement le
traitement.
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