Que ce soit ce thème qui ait alimenté le
dernier éditorial de Marc dans SEXOLOGOS résonne après coup
comme une terrifiante prémonition. |
Notre ami Marc Ganem a tiré définitivement sa révérence le
12 Mai 2011 à Glasgow pendant le congrès de la WAS ; comme
Molière il est mort à la fin de sa (re)présentation, jouant
jusqu’au bout son rôle de défenseur d’idées
humanistes et innovantes. Il venait de présenter
devant les congressistes venus du monde entier le
programme de la Chaire de l’UNESCO «Santé sexuelle
et droits humains» dont il avait énergiquement porté
le projet pendant huit ans. Il avait
compris qu’il y a tant à faire sur les plans politique et
éducatif pour que sexualité ne soit plus associée à violence
et souffrance que cet immense projet, issu d’une réflexion
internationale, avait élargi le champ de la sexologie à la
santé sexuelle et soulignait fermement que le droit à la
santé sexuelle est un droit pour tout être humain. |
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«Human Earth» était devenu son slogan, ce pour quoi il avait
commencé à militer. Je peux partager avec vous combien
l’entendre parler avec enthousiasme et chaleur de ce concept
émouvait tous ses interlocuteurs.
Chaleureux, Marc l’était par dessus tout. Enthousiaste, il
fallait qu’il le soit puissance «n» pour donner de l’espoir
à ses patients, pour faire avancer les choses auxquelles il
croyait, pour motiver ses troupes, pour surfer sur les
oppositions et ignorer les persifleurs.
Dans son dernier éditorial il avait fait le formidable bilan
de son action pour la sexologie française en général et la
SFSC en particulier. Il est indubitable qu’il avait le
charisme suffisant pour leur permettre de continuer à se
faire entendre.
Ce ne fut pas sans grande difficulté parfois. J’ai
accompagné Marc pendant près de vingt ans, nous partagions
la même vision des choses, la même passion pour notre
profession, et je peux dire aussi : le même sens du service.
Marc était un agitateur d’idées, un concepteur, un puissant
moteur, j’étais souvent son «traducteur dans la réalité»,
nous avions confiance l’un dans l’autre tout en étant
parfaitement lucides sur nos limites respectives. Il avait
le don de comprendre rapidement où se situaient les avancées
scientifiques en sexologie et de les appliquer immédiatement
dans son quotidien médical, ceux qui ont pu bénéficier de
son expertise au cours d’enseignements ou de séminaires de
formation continue appréciaient beaucoup cette expérience
clinique structurée qu’il faisait généreusement partager.
Quoique négociateur hors pair, Marc n’aimait pas la
passivité ou l’opposition de son entourage professionnel,
malgré cela j’ai rarement entendu quiconque lui dénier un
grand sens politique et une sincère volonté de convaincre.
Né dans un pays de lumière il en était resté imprégné d’une
énergie solaire qui lui avait fait surmonter le
déracinement, les douleurs et difficultés de la vie, pour se
révéler indéniablement ami présent et attentif, créateur
d’idées généreuses, médecin compétent et passionné, adoré de
ses patients.
Chacun gardera de Marc des souvenirs et sentiments
personnels de coloration diverse… mais une chose est sûre :
il n’était indifférent à personne.
Tu avais promis de continuer à travailler avec nous, il
faudra bien dorénavant que l’on avance sans toi mais…
Marc, tu nous manques…
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