Septembre    2012

 

Sexologos   #  03


Traiter les problèmes sexuels
en psychocorporel

 

Pour répondre le plus justement possible au malaise primaire du trouble sexuel, le psychosexologue doit posséder une connaissance claire de la sexualité. En effet, il doit ramener le symptôme sexuel dans l’exploration de son champ physiologique sans en dénier ses dimensions de l’imaginaire et du symbole. C’est ainsi qu’il doit comprendre que la sexualité recouvre cette vaste réalité qui lui implique d’organiser ses compétences et des recours thérapeutiques en faisant appel à un réseau pluridisciplinaire.
C’est une question d’éthique pour le psychosexologue de savoir prendre en charge ou orienter son patient souffrant d’un dysfonctionnement sexuel comme les troubles de l’éjaculation, les troubles de l’érection, du désir, mais également les problèmes d’identités d’orientation sexuelle et des troubles du genre.
Au risque de se penser comme tout sachant, il doit s’interroger sur les limites de sa pratique et s’intéresser aux différentes bases conceptionnelles de la sexualité au delà de la réponse bio-médicale et de la psychanalyse.
Des apports essentiels et durables ont été apportés par différentes écoles analytiques.
Brillant élève de Freud, Wilhelm Reich fut certainement le dissident le plus important de cette époque et est le fondateur des nouvelles techniques thérapeutiques qui malheureusement à déboucher sur une impasse thérapeutique : l’orgonothérapie.
Même si son modèle thérapeutique représente une illusion somatopsychique, Reich
montre dans la névrose, comme dans les sexoses, c’est à dire les troubles sexuelles, le rôle de l’économie de la respiration, de la circulation des charges énergétiques et de l’importance de la cuirasse musculaire.
Le noyau de toute névrose ou de toute sexose réside selon lui dans l’incapacité à décharger complètement l’excitation sexuelle. La névrose, comme les sexoses se traduirait au niveau somatique par des blocages énergétiques. Ces blocages énergétiques entraîneraient une rétention émotionnelle. Le travail psychosexologique proposé est la restauration de la mobilité émotionnelle. Le but est d’accéder au plaisir dans le lâcher-prise. Ces défoulements émotionnels devront être repris et travaillés en alternance en thérapie de groupe et en individuel.
 
La relaxation et l’hypnose
 
Parmi les techniques psychocorporelles, il existe la relaxation qui permet de comprendre et dépasser le symptôme sexuel. Elle va permettre de lever les rigidités corporelles et caractérielles.
Le travail sur la respiration permet d’être capable de voir ainsi sa vie psychique défiler. Cela permet au patient de se détacher de l’emprise de la psyché.
«Je suis capable de voir bouger mon psychisme, d’entrer dans un processus d’indépendance vis à vis de ma psyché, de rentrer dans mon corps, dans mes sensations.»
Elle relie à la simple présence et ouvre au fait d’exister. La respiration constitue donc une expérience fondatrice. Et à partir de la relaxation, un travail d’analyse de l’imaginaire érotique peut être proposé afin de mettre en évidence les facteurs qui contribuent à la perpétuation du symptôme. Ce travail d’hypnose permet la transformation des expériences traumatisantes dissociées (viols, inceste, abus) en apprentissage correcteurs.
Ce travail traverse quatre étapes principales : le contrôle respiratoire, le développement de l’attention prêtée aux messages sensoriels, la visualisation, la reprogrammation émotionnelle.
L’hypnose est une technique de choix qui permet de créer un pont entre le mental et le corps, entre la représentation mentale, les émotions et les sensations.
 

 

 

La bioénergie
 
Les approches énergétiques de Alexandre Lowen permettent de mettre en pratique la thématique des structures hystérique pour les femmes et passive-féminine ou masculine-agressive pour les hommes. On établira un travail de grounding par des mouvements de déplacement individuel et un travail sur le segment du bassin dans une visée de mise en charge énergétique. Ce sont ses différentes identifications au masculin et au féminin chez la femme comme chez l’homme, par manque de maturité affective, qui conduiront l’individu à se dessiner sous les traits d’une identité ambissexuelle ou homosexuelle.
 
Les psychosomatodrames et les jeux de rôles
 
En groupe de thérapie, l’autre devient un miroir où se reflète sa manière d’être au monde. Des psychosomatodrames pourront être proposés. Dans un psychosomatodrame, on mettra en scène de manière gestuelle et verbale avec l’aide de participants pour leur ressemblance projective avec la situation du passé, la situation amoureuse, affective à résoudre en recherchant les répétitions avec le passé, comme les insatisfactions, les avatars de son masculin ou de son féminin.
Par ailleurs, au travers de jeux de rôles, on essaiera de faire l’expérimentation de cet être double, androgynique de l’allégorie platonicienne, jusqu’à la sex-tion de l’être primitif en deux êtres qui s’humanisent à partir de leur sexualisation.
Un travail sur le masculin et le féminin par imprégnation des allures des deux sexes, dans le mouvement, dans leur expression, dans la fantasmatologie sera proposé dans le mythe de Tirésias.
D’autre part, l’apprentissage de la relation va permettre d’établir les limites de l’autre, de soi et du corps. La mise en expérience de situations relationnelles et émotionnelles et affectives liées aux besoins profonds de chacun ouvre un partage émotionnel déverrouillant les blocages énergétiques et caractériels.
 
Le massage relationnel
 
En thérapie de groupe, le massage relationnel sera une bonne indication pour unir les oppositions masculin et féminin notamment dans le couple. L’un reçoit, l’autre donne et les rôles sont inversés. Chacun homme ou femme pourra parler de ses difficultés à recevoir et à donner.
Le massage relationnel est un travail de détente, de prise de contact avec le corps par l’intermédiaire d’exercices respiratoires et dont l’intention est d’associer le toucher corporel à l’échange émotionnel et affectif. Il doit être suivi d’une analyse des affects éprouvés le plus souvent dans une phase de régression du moi. Il permet la restauration d’une meilleure image de soi et la désinhibition de l’érotique amoureuse aboutissant à une plus grande facilité d’échange.
 
En conclusion
 
Ses méthodes de choix alliant des états d’inductions corporelles permettent de retrouver la chaîne somatopsychique du symptôme sans laquelle parfois seule la verbalisation par le langage des mots à partir de l’histoire sexuel du sujet a du mal à opérer.
 

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