Il
pourrait s’agir d’une revendication «masculiste»
(Après tout, il n’existe pas l’identique inversé de
féministe, quoiqu’il y ait depuis quelques
années des courants de revendications «masculinistes
ou hoministes» dont l’objet est de faire le
pendant au féminisme). La langue française
est bizarre, elle dit « émasculer » pour ôter les
attributs d’un homme : nous en faisons un «efféminé». Il n’y aurait rien à ôter à la femme qui en fasse un homme.
Il
pourrait aussi s’agir de ces hommes qui passent
dans nos consultations comme celui-ci qui hier, m’a dit «Je dois vous parler seul, vous dire pourquoi ça n’avance pas» (Oui, oui, je vous vois déjà sourire : et bien, effectivement je l’admets, parfois cela n’avance pas…). En fait, finit-il par avouer (il en avait honte) :
«Je n’aime pas les hommes ». Donc il ne
s’aime pas, me dis je…
«Pouvez-vous me dire quels qualificatifs vous pourriez leur attribuer ? » risquais-je. N’en suis pas un de ces hommes qu’il n’aime pas… ? Il répondit, assez vite :
«Suants, grossiers, brutaux, violents, rotant, n’ayant rien à dire d’intéressant…». Oui, rêvais-je, il avait
effectivement raison d’hésiter à parler
devant elle… Quoique à la bien observer, elle
semblait plutôt acquiescer… Comme c’était
étrange, mais l’était-ce tant, lui qui dans
ses rêves éveillés s’imaginait capable de «casser la
gueule» à des hommes…
Mais
ce n’est pas à ces hommes-là que je pense.
Alors aurais-je été inspiré par l’effervescence
«campagnarde» des
Présidentielles pendant laquelle tous nos hommes (et
femmes ! qui a dit que seuls les hommes aimaient le pouvoir ?) manifestaient leurs désirs de se réconcilier pour une cause commune ? (Quoique, à voir la campagne
des législatives, exit les belles résolutions…). En
fait c’est de ceux qui composent le paysage de nos sociétés savantes auxquels je pense.
Je ne crois pas que ce soit un hasard si la revue européenne de sexologie prépare un numéro spécial pour
écrire la, déjà, histoire de la sexologie française,
dépassant les clivages pour raconter une
histoire commune.
Je
ne crois pas que ce soit un hasard si le thème
retenu de ces assises réunissant la SFSC et l’AIHUS soit le couple (Le couple n’est-il pas l’un des objets essentiels de la sexualité humaine qui est le fondement même de la sexologie ? N’est-ce pas l’homme
et la femme qui se parlent ?)
Je
ne crois pas que ce soit un hasard si le Comité
scientifique de ces assises a décidé d’interroger les adhérents sur leurs attentes. Il y a là, le désir
profond de se parler, mieux, de s’écouter,
mieux, de
s’entendre, mieux, de créer, mieux, de se consolider (et ne faut-il pas pour cela regarder nos fondements ?). Il faut que les « hommes se parlent », qu’importe le féminin ou le masculin dont plus personne ne sait ce qu’ils signifient (même si cela reste un questionnement permanent, notamment des groupes « gender »), si nous
voulons « que cela avance », c’est-à-dire permettre à la sexologie française d’exister à l’étranger mais aussi et surtout d’enrichir notre savoir au sein de nos
consultations pour le bénéfice de nos
patients.
Mais
en attendant ces assises, le prochain congrès
de la SFSC, les 26 et 27 octobre 2007,
cherchera encore à bousculer certaines de
nos certitudes et à susciter des interrogations.
Venez nombreux, un bel avenir pour la
sexologie française se dessine.
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