Quand on revient d’un congrès international où il y a eu 350 présentations (ISSIR
Buenos-Aires)
c’est le bon moment pour faire le point sur notre discipline et réfléchir à l’avenir.
Commençons par le commencement : un symposium était dédié aux moyens que l’on doit mettre en oeuvre pour promouvoir la notion de santé
sexuelle. Les moyens doivent être en adéquation avec la culture
sans oublier l’influence de la religion (ou la philosophie) ; un festival de films érotiques peut
être une bonne idée en occident, mais, en Extrême-Orient, il est indispensable de mettre
l’accent sur les principes de prévention en honneur dans les médecines traditionnelles. C’est
ainsi que, selon en confrère malaisien, la prévention de la D.E passe par la prévention des
maladies du rein (et par extension des maladies de la sphère urologique) puisque le rein est vu, par
les asiatiques, comme l’organe le plus important du corps.
En Europe, le moyen de diffuser l’information au plus grand nombre passe par un partenariat entre
les sociétés savantes, les associations de patients et l’industrie pharmaceutique.
Les sociétés savantes ont un devoir de recherche, de formation et de développement de la qualité des
soins. En interaction avec les actions politiques elles doivent être associées à l’éducation
sexuelle, au sens large du terme. Moyennant quoi l’on pourrait peut-être améliorer les 32% de
consultations de D.E que nous enregistrons actuellement.
Le vieillissement de la population entraîne une augmentation des facteurs de risque, en
particulier des cancers de la prostate (le cancer le plus fréquent chez les hommes et sa prévalence
augmente régulièrement : 190 000 nouveaux cas par an aux USA) et du DALA.
En ce qui concerne la prostatectomie, un consensus prend en compte l’âge des patients, leur
activité sexuelle avant la découverte du cancer, et le stade de développement de ce cancer pour
décider, autant que faire se peut, d’un protocole opératoire préservant la fonction érectile,
lorsque l’équipe chirurgicale y est entraînée. Mais, dans tous les cas de figure, la prise en
charge post opératoire est d’une extrême importance : je suis certaine que vous êtes aussi étonnés
que moi quand vous recevez des patients opérés avec qui l’on n’a jamais évoqué la question de leur
sexualité.
Il y a un agrément unanime autour de la stimulation précoce de la fonction érectile après
prostatectomie : d’abord par IIC (ou par utilisation quotidienne de vacuum par certaines équipes)
puis I-PDE5 si les nerfs ont été préservés, après six mois environ, sachant que le complet
rétablissement peut être long à obtenir.
Actuellement une étude est en cours sur l’intérêt d’une prophylaxie orale et des innovations
techniques, comme des greffes nerveuses ou l’implantation de stimulateurs nerveux, pourront,
à terme, aider à une meilleure prise en charge des besoins sexuels de nos patients.
L’insuffisance hormonale est un paramètre que nous explorons régulièrement, au même titre que
les facteurs de morbidités cardio-vasculaires, artériosclérose, hypertension et diabète. Sachant
que 20 à 30% de nos patients qui ne répondent pas bien à un traitement oral de la D.E ont une
légère déficience androgénique, une supplémentation en testostérone se révèle en général efficace en co-prescription.
Mais c’est surtout à propos des troubles de la sexualité féminine que nombre de communications ont
parlé de traitement hormonal. Tous les orateurs ont souligné (ce n’est pas nouveau) l’importance des androgènes chez les femmes (ménopausées ou non) ou dans les syndromes douloureux (vulvodynies), on
est aussi revenu sur les effets néfastes de la contraception sur le désir sexuel de nombre de
femmes. La thérapeutique par micro doses de testostérone va probablement être disponible un jour,
des études très avancées sont maintenant référencées. Chez des femmes en période de ménopause, un
traitement local (sous forme de crème) a augmenté très significativement le sentiment de bien-être,
le désir sexuel et la capacité orgasmique.
Il est évident, qu’avec le consensus émergeant autour du lien entre les troubles sexuels féminins
et l’insuffisance des stéroïdes sexuels, les années à venir vont nous apporter des avancées dans la
compréhension et la prise en charge de la dysfonction sexuelle féminine. D’ici là on
continue à apprendre beaucoup de la recherche fondamentale sur la neurophysiologie du désir
sexuel et, pour ma part, les neurosciences et les applications thérapeutiques qu’elles nous ouvrent
me semblent passionnantes, parce que la sexologie est vraiment le terrain électif des articulations
psyché soma.
Pour conclure laissez-moi vous dire que sur 350 communications 8 seulement parlaient (un
tout petit peu !!) de psycho sexologie, mais que j’ai eu bien du contentement à entendre de la part
d’un confrère turc que : "Si nous considérons ces clients qui refusent de prendre un médicament, ceux qui ne peuvent pas en prendre, ceux qui les trouvent inefficaces, ceux qui ont des problèmes de
couple ou une partenaire souffrant de dysfonction sexuelle elle-même, alors, apprendre plus sur les approches
(sexothérapeutiques) combinées, semble, raisonnablement, une façon de faire indispensable
aux professionnels du champ sexologique" Voilà où nous devons aller : développer la
formation initiale de qualité et la formation continue trans-disciplinaire autour des perspectives en sexologie.
Au travail….
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