Au sujet des références de son dernier livre : «les
métamorphoses du masculin», elle signifie que le
travail personnel et le sujet présenté sont connus et
exploités depuis un temps certain.
L’intérêt est porté sur les changements des
femmes et l’implication de ces changements
sur les hommes mais encore les effets du
changement des hommes sur les femmes.
Les années 1988, suite à la sortie de son premier
livre, retraçait une première étude de
l’époque citée. L’étude était assez marginale et
très mal vue du point de vue des féministes
pures et dures. Il n’était pas judicieux de s’interroger
à l’idée du changement des femmes
et de l’implication de celui-ci concernant les
hommes. En fait le sujet a été perçu comme
une trahison à la cause féministe. Ce jugement
était attristant, d’autant que l’important
résultait de la dynamique issue de la dialectique
des rapports homme-femme. Et notamment
comment la transformation de la condition
féminine interfère sur le masculin.
« Bien sûr c’est une énorme question et je n’ai
pas la prétention de la résoudre, on va seulement
aborder quelques directions qui me
semblent intéressantes et fondamentales.
A la suite des enquêtes réalisées avant 1988
concernant différentes générations et plusieurs
catégories sociales et classes d’âges, on
peut rendre compte des transformations des
jeunes générations. Ceci a permis de comparer
trois générations entre elles, les pré- féministes,
les féministes et les post- féministes
aussi bien du côté des hommes que des
femmes.
L’intérêt est avant tout de savoir où ont lieu les
changements. Il est aisé d’observer la fracture
socio culturelle concernant les représentations
des hommes face à eux-mêmes mais
l’intérêt est de se pencher sur d’autres représentations.
Le fait de sortir de la culture
patriarcale rurale ou de la culture patriarcale
industrielle représente la troisième époque
historique la société contemporaine.
Culture patriarcale rurale et industrielle
Face à la sortie de la culture patriarcale rurale
ou industrielle on a noté une période de
trouble et des difficultés. Cette période de
trouble et de difficultés engendre la résurgence
d’un masculin défensif très fort, en effet, la société contemporaine traversée de changements
crée des périodes réactives. La création
et l’innovation entraînent ce besoin de défense
en s’appuyant sur les bases du passé : la tradition.
De nos jours on ressent le renforcement de la
masculinité défensive. Ce sentiment est surtout
présent chez des personnes victimes de
ségrégation et de discrimination. C’est un
moyen de renforcer son identité à l’aide de
valeurs sûres même si ces valeurs comportent
des côtés obsolètes.
L’important est de voir la perception de la
dimension obsolète du côté de la société
masculine patriarcale mais aussi comment la
volonté de la part d’autres catégories qui sont
moins victimes de discrimination et de ségrégation
tend vers la distanciation du patriarcat.
On note donc une volonté de construire sa
subjectivité tout en prenant du recul face à la
culture patriarcale. La culture patriarcale rurale
dénote cette différence entre les hommes
et les femmes autour du profane. C'est-à-dire
des femmes et du religieux où les femmes
sont associées à la nature et au profane et les
hommes sont associés au sacré et à la culture.
Ce clivage là est primordial, il est emmêlé à
l’importance accordée à la filiation et référée à
la hiérarchie sociale : la monarchie.
Antérieurement il y avait une conception du
masculin construite autour de la filiation de
sang. Cette conception a notamment été illustrée
grâce au journal des rois qui met en scène
la petite enfance de Louis XIII et à l’importance
de son phallus, du phallus en général et à
tous les stéréotypes masculins. La capacité de
défense et la capacité à traiter les femmes
comme des objets répondaient à la construction
d’un système culturel, social et économique
donnant toute son importance à la
filiation des sangs.
Ces références symbolisaient la puissance du
phallus. Les femmes étaient sollicitées à travers
leurs capacités à être vierges et fidèles. Ce
désir de posséder des femmes vierges avant
le mariage et fidèles pendant celui-ci révélait
le manque de preuve évidente concernant la
paternité. Et par voie de conséquence, l’importance
de ligoter ce manque de preuve à
l’aide de ces comportements.
La période industrielle est aussi traversée par
le clivage du masculin et du féminin dénotant
le patriarcat industriel. Ce clivage était symbolisé
par la hiérarchie entre la sphère publique
et la sphère privée, le féminin représentait la
sphère publique et le masculin celui de la
sphère privée. La femme n’existait qu’en tant
qu’épouse et mère.
La société contemporaine
De nos jours, on assiste à un découplage entre
sexualité et procréation, entre filiation et
alliance et entre sexe et rôle. La société
contemporaine représente la troisième période
et reflète la sortie de la mono culture masculine.
Elle tend vers une certaine flexibilité,
mobilité des identités et une reconstruction
des modes d’affirmation du masculin et du
féminin. De même une redéfinition de l’étanchéité
de la sphère publique et de la sphère
privée est visible.
La hiérarchie entre les sexes et les genres, à
savoir que les hommes étaient du côté de la
production et de la rationalisation et les
femmes de la nature, de la reproduction et
des besoins des émotions, se dessine différemment.
Des déplacements s’opèrent donc et il est très
passionnant de les analyser.
Le contexte actuel est très intéressant et complexe
concernant les représentations et l’intériorisation
des modèles par les hommes et les
femmes. Il est bon de savoir que la société
contemporaine est traversée par la juxtaposition
des modèles hérités de l’histoire : les
modèles ruraux, patriarcat industriel et les
modèles contemporains.
Les modèles contemporains
Ainsi on constate une juxtaposition des
modèles accompagnant les représentations
et les pratiques quotidiennes.
A la naissance de problèmes ou de difficultés,
les femmes et les hommes ont tendance à
basculer dans les anciens modèles. En comparant
les hommes et les femmes de différentes
générations, on réalise à quel point la femme
peut s’affirmer comme sujet social ayant des
droits civiques et sociaux. Elle construit sa
subjectivité notamment en refusant un certain
nombre de pratiques et d’attitudes lui
apparaissant comme du domaine de la
contrainte.
A l’inverse du côté du masculin, les jeunes
générations prennent en considération les
attentes de la femme et considèrent d’avantage
l’importance des relations avec la femme
notamment dans la dimension de dialogue.
Le constat de la durée de vie d’un couple est
intimement lié à la capacité de dialoguer au
sein du couple et notamment à dialoguer sur
la question des rôles.
A un moment donné on s’est interrogé sur la
dimension à donner au dialogue et à la compatibilité
de celui-ci envers le désir, et des
études américaines ont montré que plus
l’existence de négociations et de dialogues
voit le jour plus le désir et la durabilité de
celui-ci est constatée.
Enquêtes quantitatives
Il s’agit du questionnement de 200 hommes
et 200 femmes de notre temps face aux représentations
du masculin par les femmes et du
féminin par les hommes de façon spontanée
et profonde. L’enquête porte sur des mails
écrits par des jeunes à une revue, l’intérêt est
la non médiatisation du face à face.
Ces courriers électroniques s’adressent à une
star du porno afin de parler de leur sexualité
et de leur attente.
On voit la naissance de la culture intimiste
masculine et la prise de distance par rapport à
eux-mêmes et à l’autre.
Il est surtout question de la qualité de la relation,
les femmes quant à elles se posent
d’autres types d’interrogations.
Globalement et concernant les deux points
de vue du masculin et du féminin les questions
abordées sont simples et complexes.
Elles concernent les protections et les références
à la pornographie, l’infidélité et ses
paradoxes, la transsexualité, l’homosexualité
masculine et féminine.
Mais encore comment sortir des sentiers battus,
savoir identifier sa sexualité et connaître
les bonnes normes de la bonne sexualité.
Conclusion
Les hommes et les femmes sont attachés à
l’importance de la référence à la norme d’une
bonne sexualité pour soi et le couple.
Un désir de tout combiner concernant les
jeunes hommes et les jeunes femmes dans
une relation à long terme. Il est crucial de souligner
que la jeune génération ait le désir
d’unir la communication, la bonne relation, la
bonne sexualité, l’érotisme et aussi l’enfant.
De même on constate que les jeunes générations
masculines, 60 ans après les générations
féminines et ses changements, éprouvent
elles aussi ce besoin de tout combiner.
Afin d’analyser ces changements, il est primordial
de s’appuyer sur la référence à la
notion de rôle paradoxal ou comment les pratiques
d’aujourd’hui se réfèrent à la norme et
là font éventuellement bouger dans leur
façon de chercher à intégrer différentes
dimensions d’une part, et d’autre part, comment
il s’agit de se référer aux rôles ambivalents.
En fait la volonté d’accorder des choses opposées
et notamment pour les hommes et les
jeunes générations l’envie d’assembler la vie
professionnelle et la vie privée sans sacrifier la
première à la deuxième. Une chose importante
de nos jours est d’inclure la partie intime :
désormais il s’agit de tout combiner et non
pas de choisir.
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