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Trente ans après les débuts de l’aide médicalisée à l’érection, six ans après le Viagra, la maîtrise de l’érection pharmacologique est un acquit scientifique.
La dysfonction érectile est elle pour autant définitivement vaincue ?
L’érection retrouvée est elle devenue synonyme de sexualité retrouvée ?
La grande leçon que nous donnent les traitements pharmacologiques de l’érection, par leur efficacité, est de nous obliger à réfléchir sur les autres facteurs de la DE. Les échecs de ces traitements, en particulier, sont révélateurs à plus d’un titre. Défaut d’observance, absence de maintien d’une érection pourtant rigide dans des conditions de stimulation inadéquates, refus ou indifférence d’une partenaire hostile ou démotivée, éjaculation précoce, comportement sexuel inadapté et anxieux ne permettant pas le maintien d’une érection pourtant concrètement provoquée par le traitement pharmacologique… L’étude attentive des causes d’échecs des traitements pharmacologiques de l’érection attire l’attention sur les facteurs de fragilité psychologique de l’homme porteur de dysfonction érectile, sur ses difficultés relationnelles, sur une partenaire elle-même en difficulté dans sa propre sexualité ou dans sa vie, sur des facteurs psycho-comportementaux, ou environnementaux, bien davantage que sur l’inefficacité du traitement pharmacologique.
L’induction pharmacologique de l’érection permet de retrouver les repères concrets, génitaux, de la sexualité en difficulté. Il reste encore à l’homme malade de son érection à retrouver tout ce qu’il a perdu progressivement : la confiance dans l’engagement sexuel, l’espoir de la guérison. Il lui reste à renouer avec l’univers masculin de la sexualité, qui est action, liberté de se mouvoir, projection, confiance en soi, pénétration, prise de possession de l’espace et du temps sexuel. Il lui reste encore à reconstruire tout un monde de repères et de symboles perdus, de sensualité, de comportement amoureux à deux.
Au-delà de la guérison symptomatique, il lui reste à s’approprier cette érection retrouvée, à l’investir de toute sa masculinité, de tout ce qui l’anime et lui donne son sens et qui se nomme relation à
l’autre.
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