DE PAR LE MONDE

SEXE, GENRE ET JEUX OLYMPIQUES.

 

   Les jeux olympiques de Berlin en 1936 sont tristement célèbres pour avoir été organisés par Hitler. On a oublié qu’il y a été noté le premier incident concernant le sexe d’une compétitrice.

Stella Walsh était suspectée d’être un homme et avait dû se soumettre à un examen clinique qui avait confirmé des organes génitaux féminins, après qu’elle eut remporté la médaille d’or du 100 m plat. En 1980 elle fut assassinée et l’examen post-mortem montra une ambigüité sexuelle avec une anomalie chromosomique.

Des rumeurs circulèrent concernant les sœurs Irina et Tatiana Press qui accumulèrent les records mondiaux et les médailles olympiques entre 1950 et 1960. Depuis longtemps les médias s’étaient emparés de la controverse sur le genre des athlètes et la furie médiatique poussa le comité olympique à vérifier, à partir de 1960 le genre des compétitrices, par un examen clinique, auquel n’assistèrent pas les sœurs Press, qui depuis ont été perdues de vue sur les stades.

L’examen clinique n’étant pas suffisant, à partir des JO de 1968 fut introduit la détermination du sexe par la recherche du corpuscule de Barr par un frottis buccal ; sa présence va de pair avec un sexe chromosomique XX. Eva Klobukowska, une sprinteuse polonaise fut disqualifiée par l’absence de corpuscule de Barr, on pense qu’elle présentait une mosaïque XX/XXY.

Cependant l’absence de corpuscule de Barr ne permettait pas de reconnaître les femmes avec une insensibilité complète aux androgènes, de même les hommes ayant un syndrome de Klinefelter (XXY) peuvent être reconnus comme des femmes du fait de la présence de corpuscule de Barr.

Ce qui explique qu’à partir de 1991, la recherche du corpuscule fut remplacée par l’analyse en PCR du gène SRY. Sa positivité est considérée comme attestant le développement de la gonade indifférenciée vers un testicule. Aux JO de Barcelone en 1992, 2000 tests sont pratiqués dont 15 seront positifs, à Atlanta en 1996, 8 tests sont positifs, 7 fois il s’agit de syndrome d’insensibilité aux androgènes, le cas restant étant un syndrome de déficit en 5 -alpha-réductase. Toutes les athlètes ont été autorisées à concourir et le résultat des tests est resté confidentiel.

En 1999, considérant que la recherche d’un trouble du développement sexuel était à l’origine d’une discrimination nuisible au sport, le comité olympique international a abandonné la vérification systématique du genre, en recourant à une vérification au cas par cas s’il existe une suspicion de camouflage du genre.
 

Journal of the Royal Society of Medicine 2008:
101 : 395-399 - R.RITCHIE et coll.

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