DE PAR LE MONDE

 

LA TIMIDITÉ AURAIT SON SIÈGE DANS LES AMYGDALES CÉRÉBRALES.



Un tempérament timide ou au contraire sociable observé dans la petite enfance pourrait-il être caractérisé par une réponse différente de l’amygdale cérébrale face à la nouveauté ? En tout cas, une étude par IRM fonctionnelle montre que, lorsqu’on montre des visages nouveaux à des sujets considérés comme inhibés, ils ont une activité de l’amygdale cérébrale plus importante que les sujets classés comme non inhibés.

Le « tempérament », en termes psychologiques, fait référence à un profil d’humeur et de comportement observé dans la petite enfance. Il est contrôlé en partie par des facteurs génétiques. L’une des mesures les plus étudiées du tempérament est la façon dont un enfant répond typiquement à la nouveauté, qu’elle se manifeste sous la forme de personnes, d’objets ou de situations. Cette dimension du tempérament est décrite en termes de timidité opposée à sociabilité (ou prudence/audace, ou retrait/approche).
Les deux extrêmes de cette mesure définissent des catégories d’enfants dits inhibés et non inhibés. Cette définition fut introduite il y a vingt ans par un professeur de psychologie d’Harvard, Jérôme Kagan.
Les enfants « inhibés » sont timides et évitent tout ce qui est nouveau, tandis que les enfants « non inhibés » s’approchent volontiers des choses nouvelles.
L’hypothèse a été émise que les traits de ces deux catégories de tempérament pourraient être dus, en partie, à des réponses différentes de l’amygdale à tout ce qui est nouveau.
Cette région du cerveau répond en effet aux événements qui demandent une extravagance.
Schwartz et coll. ont maintenant testé cette hypothèse en examinant par IRM (imagerie à résonance magnétique) fonctionnelle l’activité de l’amygdale chez un sous-groupe de 22 participants ayant atteint l’âge de 21 ans.
Pendant l’IRMf, les participants regardaient des visages neutres (expression ou émotion), déjà aperçus dans une première phase, ou nouveaux.
Alors qu’il est normal d’avoir une réponse accrue de l’amygdale devant des visages inconnus, les adultes classés « inhibés » à l’âge de 2 ans présentent une réponse nettement plus accrue dans les visages nouveaux que les participants « non inhibés ». Ces résultats, qui étayent donc l’hypothèse de départ, doivent maintenant être confirmés dans une étude plus large, ce que l’équipe espère pouvoir faire à l’avenir. De plus, si les chercheurs supposent que ces différences cérébrales existent depuis l’enfance, cette hypothèse doit être testée directement chez les enfants.
« Ces résultats pourraient refléter une différence de vulnérabilité qui peut être compensée ou exacerbée par l’environnement et l’expérience », observe le Dr Scott Rauch, autre membre de l’équipe. Certaines études ont suggéré que le tempérament inhibé dans l’enfance pourrait être un facteur de risque pour développer plus tard à l’adolescence un trouble anxieux (en particulier une phobie sociale), lequel est précurseur de dépression à l’âge adulte. Ces nouveaux résultats pourraient peut-être aboutir à de meilleures interventions précoces.

« Science » du 20 juin 2003, p. 1952....

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