L’introduction de la théorie du genre dans les manuels scolaires de 1iére,
ainsi qu’à un moindre degré l’ouverture d’un enseignement sur les « gender
studies » américaines à Sciences Po, créent, comme on pouvait s’y attendre,
beaucoup de remous non seulement dans les médias, radios, presse écrite, mais
aussi au sein des milieux politiques (avec entre autres la démarche d’un député
UMP) et religieux, comme en témoignait en particulier un article paru dans Le
Monde du 12 septembre.
Ce qui me semble ressortir de ces réactions diverses, aussi bien favorables que
le plus souvent hostiles, et jusque dans la rédaction de ces manuels ou à tout
le moins des citations qui en sont faites dans cet article, c’est une extrême
confusion entre les notions certes assez complexes que sont l’identité sexuelle,
l’identité de genre et l’orientation sexuelle.
Il est important de préciser ces notions car le fait que les plus pertinentes
théoriciennes du Genre, et je pense bien sûr à Judith Butler mais aussi à
quelques autres, n’aient jamais fait mystère de leur lesbianisme ne simplifie
pas les choses auprès d’un public non ou mal averti.
Le sexe biologique, anatomique est un fait génétique et un constat, le genre est
une représentation mentale. «L’anatomie, écrivait Freud, c’est le destin», nous
savons pourtant combien le destin sexuel peut être différend du sort que semble
lui réserver l’anatomie. La notion de genre pour la raison même qu’elle peut
permettre la confusion apparente des sexes n’a pu s’établir que sur l’évidence
visible de leur différence.
Les variations ou aléas de l’identité de genre ne remettent en cause l’identité
sexuelle que dans un seul cas qui reste exceptionnel : celui du vrai
transsexualisme c’est à dire le cas de ces hommes ou des ces femmes qui se
sentent en exil dans un corps qui leur a été toujours étranger et n’ont de paix
ni de cesse que lorsqu’ils obtiennent l’adaptation de leur sexe à leur genre.
L’orientation sexuelle n’est pas une identité, même si certaines minorités
sexuelles peuvent parfois le revendiquer par défi, elle se définit seulement par
le choix d’objet sexuel : l’hétéro sexualité s’accommode fort bien de diverses
fluctuations de l’identité de genre et l’homosexualité se réalise fréquemment
dans des choix d’objets hétérogenraux.
Le genre est une réalité sociale indiscutable. En parler à des adolescent(e)s en
classe de première, à l’âge où ces questions se posent souvent avec beaucoup
d’angoisse ne peut que les aider à sortir de la confusion du désir, du genre et
du sexe et leur éviter de chercher des réponses dans des expériences qui ne
peuvent que l’aggraver.
Encore faudrait-il que ce discours soit clair dans l’esprit de ceux- là même qui
l’énoncent, ce qui, à ce que j’en lis jusqu’ici, ne me paraît pas évident.
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