Mars    2012

Sexologos   #  02

Ludwig  FINELTAIN 


Académie des Sciences Sexologiques
 

dite Académie de Sexologie 
 

Nous avons bénéficié ces deux dernières années encore de passionnantes séances de l’Académie. En 2012, Alexandre Lacroix nous a fait partager son érudition sur l’histoire du baiser et sur sa place dans la vie érotique. En 2011, l’exposé de Daniel Sibony était fascinant.
Nos participations ensuite, y compris la mienne intitulée «La pierre de Rosette», ont suscité de vifs échanges d’idées. J’ai cru déceler la classique tension entre les différentes tendances tutélaires de la sexologie : de la biologie à la psychanalyse. Nous nous sommes posé la question de l’élargissement prudent du public de l’Académie. Mais dans quelle direction ?
Nous connaissons entre 200 et 500 collègues sexologues. Mais nous regardons du côté des personnalités confirmées en sexologie. Nous devrions élaborer une liste de gens issus des divers groupes de la sexologie française : la SFSC, de l’AHIUS et de diverses autres petites associations que nous connaissons bien.
 

L’académie et la métasexologie
 

Le principe fondamental de l’Académie est d’une part la «métasexologie» et d’autre part la disponibilité de chacun d’entre nous de faire un exposé dans cette discipline. Je souhaiterais tout d’abord faire une sorte de plaidoyer en faveur de l’Académie. Vous vous souvenez tous que la SFSC, c’est-à-dire la sexologie en France, est née en 1974. Elle avait connu dès ses débuts un développement fulgurant. Et puis elle avait multiplié les contacts et les congrès internationaux.
L’Académie apparaît en 1986 comme une association restreinte.
Celle-ci représente en réalité le dernier club de réflexion des sexologues. Je pense que cette association peut accroître le nombre de ses adhérents. Mais quels adhérents?
Autrefois ouverte en priorité aux titulaires de la SFSC la porte peut s’entrouvrir désormais à nos collègues de l’AHIUS et à quelques collègues du groupe Waynberg. D’autre part nous ne pouvons pas oublier nos collègues francophones de Belgique et de Suisse avec qui nous entretenions des relations très étroites.

Je suis donc convaincu en effet que l’Académie reste le dernier lieu de la sexologie intelligente et qu’en outre l’atmosphère y est très plaisante. Peut-être nous faut-il mieux définir et l’Académie et la métasexologie. Quand nous créâmes l’Académie des Sciences de la Sexualité en juin 1986 à l’Hôtel Royal à Deauville nous pensions certes avant tout à garantir notre immortalité. Mais nous voulions aussi répondre à des exigences qui nous paraissaient prioritaires. Consacrer une fois par an les réunions à des thèmes métasexologiques signifie que les exposés concernent la réflexion générale sur les méthodes en sexologie.
C’est un survol et c’est un au-delà de la clinique. C’était cela la métasexologie !

L’association était donc volontiers élitiste. La liste des sexologues inscrits était intentionnellement restreinte. Chaque participant était appelé à y faire un jour ou l’autre un exposé. Le choix des thèmes est certainement le moment le plus difficile. Il était jadis sous la responsabilité de Charles Gellman puis ensuite de Gérard Valles et puis enfin désormais de Claude Esturgié.

Je voudrais rappeler l’excellence des conférences produites et la pluralité des thèmes abordés. Je me souviens en particulier de certaines d’entre elles comme par exemple la journée intitulée «Sexologie et Idéologie» et une autre «Les arts et la sexologie». Beaucoup d’autres thèmes depuis 1986 demeurent dans ma mémoire. L’inauguration de l’Académie des Sciences Sexologiques à Deauville en juin 1986 avait pour thème : «Les thérapies individuelles en sexologie». A Montmorency en juin 1989, dans la maison de campagne de Teboul : «Rhétorique et pragmatique en sexologie» dans un colloque intitulé «Idéologie et Sexologie». Ce fut une journée très ensoleillée et très philosophique. A Saint Germain en Laye en 1994 : «Les expertises en réparation juridique du dommage corporel en sexologie : le concept de préjudice sexuel» au Colloque «Droit et Sexologie ». A Saint Germain en Laye encore en 1995 : «Le syndrome borderline». Et dans le parc des Buttes- Chaumont en 1999 : «Clinique des agressions sexuelles» avec les exposés surprenants des Drs Zagury, Michel Meignant, Gilles Formet et Charles Gellman. Le Dr Esturgié nous a concocté en janvier 2010 le thème suivant : «Le sexe et l’intime». Un philosophe y fut pressenti. Enfin j’ai déjà décrit la toute dernière réunion en janvier 2011 : «La sexualité comme moyen d’expression».

Pendant les premières années nous voulions absolument nous retrouver dans des villes d’eaux. Je me souviens que les trois plus aventureux d’entre nous, Gérard Valles, Charles Gellman et sans doute Teboul avaient prévu un smoking pour se payer une petite séance de jeu au Casino de Deauville. Nous ne verrons plus hélas Gérard Valles ni Gilbert Tordjman mais l’idée de l’immortalité ne se quitte pas aisément. L’avenir dira si le public de l’Académie doit s’accroître.

Vous voyez que les thèmes choisis chaque année étaient passionnants. Mais certains de nos collègues souhaiteraient que les exposés aient désormais en outre une forme pédagogique. Je ne sais pas si cela est une bonne idée. Quant à moi j’ai toujours considéré que les exposés provoquaient des échanges passionnés et de très haut niveau que seule une composition «académique» rendait possible. Si je devais former un vœu je souhaiterais seulement qu’on n’écarte pas systématiquement de nos projets la composante scientifique dure de la sexologie.

Parmi les idées du futur, toujours dans une optique métasexologique, je suggère : «Sexe et internet», «En attendant la molécule aphrodisiaque», «L’accueil de la sexologie par les médecins de famille», «Les sexologues et la pharmacologie», «La sexologie et les médias» et enfin «La sexologie et le scientisme».

Je ne manque jamais d’évoquer auprès de mes amis les moments effervescents de la création de la sexologie clinique en 1974. On peut retrouver dans les travaux de l’Académie un écho de ces moments exaltants de jadis.

 

 

Retour