Nous avons bénéficié ces deux dernières années encore
de passionnantes séances de l’Académie. En 2012,
Alexandre Lacroix nous a fait partager son érudition sur
l’histoire du baiser et sur sa place dans la vie
érotique. En 2011, l’exposé de Daniel Sibony était fascinant.
Nos participations ensuite, y compris la mienne intitulée
«La pierre de Rosette», ont suscité de vifs échanges d’idées. J’ai
cru déceler la classique tension entre les différentes tendances
tutélaires de la sexologie : de la biologie à la psychanalyse. Nous
nous sommes posé la question de l’élargissement prudent du
public de l’Académie. Mais dans quelle direction ?
Nous connaissons
entre 200 et 500 collègues sexologues. Mais nous regardons
du côté des personnalités confirmées en sexologie. Nous
devrions élaborer une liste de gens issus des divers groupes de la
sexologie française : la SFSC, de l’AHIUS et de diverses autres
petites associations que nous connaissons bien. |
Le principe fondamental de l’Académie est d’une part la
«métasexologie» et d’autre part la disponibilité de chacun
d’entre nous de faire un exposé dans cette discipline.
Je souhaiterais tout d’abord faire une sorte de plaidoyer en
faveur de l’Académie. Vous vous souvenez tous que la SFSC,
c’est-à-dire la sexologie en France, est née en 1974. Elle avait
connu dès ses débuts un développement fulgurant. Et puis elle
avait multiplié les contacts et les congrès internationaux.
L’Académie
apparaît en 1986 comme une association restreinte.
Celle-ci représente en réalité le dernier club de réflexion des
sexologues. Je pense que cette association peut accroître le
nombre de ses adhérents. Mais quels adhérents?
Autrefois
ouverte en priorité aux titulaires de la SFSC la porte peut s’entrouvrir
désormais à nos collègues de l’AHIUS et à quelques
collègues du groupe Waynberg. D’autre part nous ne pouvons
pas oublier nos collègues francophones de Belgique et de Suisse
avec qui nous entretenions des relations très étroites.
Je suis donc convaincu en effet que l’Académie reste le dernier
lieu de la sexologie intelligente et qu’en outre l’atmosphère
y est très plaisante. Peut-être nous faut-il mieux définir
et l’Académie et la métasexologie. Quand nous créâmes
l’Académie des Sciences de la Sexualité en juin 1986 à l’Hôtel
Royal à Deauville nous pensions certes avant tout à garantir
notre immortalité. Mais nous voulions aussi répondre à des
exigences qui nous paraissaient prioritaires. Consacrer une
fois par an les réunions à des thèmes métasexologiques signifie
que les exposés concernent la réflexion générale sur les
méthodes en sexologie.
C’est un survol et c’est un au-delà de
la clinique. C’était cela la métasexologie !
L’association était donc volontiers élitiste. La liste des sexologues
inscrits était intentionnellement restreinte. Chaque participant
était appelé à y faire un jour ou l’autre un exposé. Le choix des
thèmes est certainement le moment le plus difficile. Il était jadis
sous la responsabilité de Charles Gellman puis ensuite de Gérard
Valles et puis enfin désormais de Claude Esturgié.
Je voudrais rappeler l’excellence des conférences produites et la
pluralité des thèmes abordés. Je me souviens en particulier de
certaines d’entre elles comme par exemple la journée intitulée
«Sexologie et Idéologie» et une autre «Les arts et la sexologie». Beaucoup d’autres thèmes depuis 1986 demeurent dans
ma mémoire. L’inauguration de l’Académie des Sciences Sexologiques
à Deauville en juin 1986 avait pour thème : «Les thérapies
individuelles en sexologie». A Montmorency en juin
1989, dans la maison de campagne de Teboul : «Rhétorique
et pragmatique en sexologie» dans un colloque intitulé «Idéologie et Sexologie». Ce fut une journée très ensoleillée et
très philosophique. A Saint Germain en Laye en 1994 : «Les
expertises en réparation juridique du dommage corporel en
sexologie : le concept de préjudice sexuel» au Colloque «Droit et Sexologie ». A Saint Germain en Laye encore en 1995
: «Le syndrome borderline». Et dans le parc des Buttes-
Chaumont en 1999 : «Clinique des agressions sexuelles»
avec les exposés surprenants des Drs Zagury, Michel Meignant,
Gilles Formet et Charles Gellman. Le Dr Esturgié nous a
concocté en janvier 2010 le thème suivant : «Le sexe et l’intime». Un philosophe y fut pressenti. Enfin j’ai déjà décrit la
toute dernière réunion en janvier 2011 : «La sexualité comme
moyen d’expression».
Pendant les premières années nous voulions absolument nous
retrouver dans des villes d’eaux. Je me souviens que les trois
plus aventureux d’entre nous, Gérard Valles, Charles Gellman
et sans doute Teboul avaient prévu un smoking pour se payer
une petite séance de jeu au Casino de Deauville. Nous ne verrons
plus hélas Gérard Valles ni Gilbert Tordjman mais l’idée
de l’immortalité ne se quitte pas aisément. L’avenir dira si le
public de l’Académie doit s’accroître.
Vous voyez que les thèmes choisis chaque année étaient passionnants.
Mais certains de nos collègues souhaiteraient que
les exposés aient désormais en outre une forme pédagogique.
Je ne sais pas si cela est une bonne idée. Quant à moi j’ai toujours
considéré que les exposés provoquaient des échanges
passionnés et de très haut niveau que seule une composition
«académique» rendait possible. Si je devais former un vœu je
souhaiterais seulement qu’on n’écarte pas systématiquement
de nos projets la composante scientifique dure de la sexologie.
Parmi les idées du futur, toujours dans une optique métasexologique,
je suggère : «Sexe et internet», «En attendant
la molécule aphrodisiaque», «L’accueil de la sexologie par
les médecins de famille», «Les sexologues et la pharmacologie», «La sexologie et les médias» et enfin «La sexologie
et le scientisme».
Je ne manque jamais d’évoquer auprès de mes amis les
moments effervescents de la création de la sexologie clinique
en 1974. On peut retrouver dans les travaux de l’Académie un
écho de ces moments exaltants de jadis.
|