Comme toute science, car la sexologie en est une,
la sexologie évolue. Il me semble que sur le plan français les deux
dernières ASSISES de la FF3S ont joué dans cette évolution un rôle
important.
Certes depuis toujours nous nous enquérions des antécédents
pathologiques de nos patients, diabète, maladies cardiovasculaires ou
neurologiques en particulier ainsi que des médicaments ayant de
possibles effets iatrogènes sur la sexualité, mais dans les années 70
quand la sexologie s’est développée, l’intérêt apporté à ces
comorbidités restait très limité (une trentaine de pages sur 570 dans
«Amour et Sexualité» de Masters et Johnson en 1982).
Il y a un fait de société : les progrès thérapeutiques ont
considérablement amélioré l’espérance de vie de patients atteints de
maladies chroniques telles que le cancer, la SEP ou le SIDA. On peut
vivre souvent de nos jours de longues années avec un cancer ou un SIDA,
ce qui pose de manière beaucoup plus insistante le problème de la
qualité de vie de ces patient(e)s donc au premier chef de leur
sexualité, c’est la raison pour laquelle pendant deux années
consécutives nos Assisses nous ont permis de nous interroger sur les
rapports entre sexologie et autres spécialités médicales.
Parmi ces pathologies chroniques les cancers (deuxième cause de
mortalité en France après les maladies cardiovasculaires) occupent une
place hélas prépondérante. Certains cancers tels les cancers des organes
génitaux de l’homme et de la femme, cancers du sein, de la prostate,
cancers colorectaux, mais aussi tous les cancers de façon générale, ont
sur la sexualité des conséquences somatiques directes et des
conséquences psychologiques indirectes non moins graves, ce qui justifie
l’émergence d’une nouvelle compétence s’articulant à la fois sur la
sexologie et l’oncologie : l’onco-sexologie. Son objectif est de prendre
en charge les patients susceptibles de développer des difficultés
sexuelles particulières suite à un cancer. Bien avant moi des confrères
comme Renier Opsomer à Bruxelles ou Pierre Bondil à Chambery ont mis
l’accent sur la spécificité de cette approche. A l’initiative de L.
Incrocci, radiothérapeute à Rotterdam, une société internationale
d’onco-sexologie a été fondée il y a quelques années. Depuis, de
nombreuses équipes pluridisciplinaires ont vu le jour dans différents
centres. Ceci pourrait nous donner, me semble-t-il, plusieurs objectifs
:
- la formation d’onco-sexologues ;
- l’implication éventuelle de la FF3S dans la création d’une société
française d’onco-sexologie ;
- la mise en place d’une rubrique régulière d’onco-sexologie dans les
colonnes de Sexologos.
Comme son titre l’annonce, ce dernier numéro de Sexologos pour l’année
2012 a voulu s’ouvrir à des problématiques liant sexualité et société
(si tant est que les deux puissent être jamais totalement séparées)
particulièrement grâce à deux communications remarquables :
Celle de Nicole Arnaud-Beauchamps : Quel est le rôle du sexologue dans
la sociéte ?
Et celles d’Yves Ferroul : Le mariage pour tous.
Chacun d’entre vous peut réagir à ces positions auxquelles
personnellement j’adhère totalement.
Mais puisque nous approchons de la période des vœux, le souhait de
Sexologos est que notre revue évolue pour devenir un lieu d’échanges
ouvert à tous ceux qui désirent s’y exprimer.
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