Janvier   2013

 

Sexologos   #  04

 
ÉDITORIAL

Comme toute science

 

Comme toute science, car la sexologie en est une,  la sexologie évolue. Il me semble que sur le plan français les deux dernières ASSISES de la FF3S ont joué dans cette évolution un rôle important.

Certes depuis toujours nous nous enquérions des antécédents pathologiques de nos patients, diabète, maladies cardiovasculaires ou neurologiques en particulier ainsi que des médicaments ayant de possibles effets iatrogènes sur la sexualité, mais dans les années 70 quand la sexologie s’est développée, l’intérêt apporté à ces comorbidités restait très limité (une trentaine de pages sur 570 dans «Amour et Sexualité» de Masters et Johnson en 1982).

Il y a un fait de société : les progrès thérapeutiques ont considérablement amélioré l’espérance de vie de patients atteints de maladies chroniques telles que le cancer, la SEP ou le SIDA. On peut vivre souvent de nos jours de longues années avec un cancer ou un SIDA, ce qui pose de manière beaucoup plus insistante le problème de la qualité de vie de ces patient(e)s donc au premier chef de leur sexualité, c’est la raison pour laquelle pendant deux années consécutives nos Assisses nous ont permis de nous interroger sur les rapports entre sexologie et autres spécialités médicales.

Parmi ces pathologies chroniques les cancers (deuxième cause de mortalité en France après les maladies cardiovasculaires) occupent une place hélas prépondérante. Certains cancers tels les cancers des organes génitaux de l’homme et de la femme, cancers du sein, de la prostate, cancers colorectaux, mais aussi tous les cancers de façon générale, ont sur la sexualité des conséquences somatiques directes et des conséquences psychologiques indirectes non moins graves, ce qui justifie l’émergence d’une nouvelle compétence s’articulant à la fois sur la sexologie et l’oncologie : l’onco-sexologie. Son objectif est de prendre en charge les patients susceptibles de développer des difficultés sexuelles particulières suite à un cancer. Bien avant moi des confrères comme Renier Opsomer à Bruxelles ou Pierre Bondil à Chambery ont mis l’accent sur la spécificité de cette approche. A l’initiative de L. Incrocci, radiothérapeute à Rotterdam, une société internationale d’onco-sexologie a été fondée il y a quelques années. Depuis, de nombreuses équipes pluridisciplinaires ont vu le jour dans différents centres. Ceci pourrait nous donner, me semble-t-il, plusieurs objectifs :
- la formation d’onco-sexologues ;
- l’implication éventuelle de la FF3S dans la création d’une société française d’onco-sexologie ;
- la mise en place d’une rubrique régulière d’onco-sexologie dans les colonnes de Sexologos.
Comme son titre l’annonce, ce dernier numéro de Sexologos pour l’année 2012 a voulu s’ouvrir à des problématiques liant sexualité et société (si tant est que les deux puissent être jamais totalement séparées) particulièrement grâce à deux communications remarquables :
Celle de Nicole Arnaud-Beauchamps : Quel est le rôle du sexologue dans la sociéte ?
Et celles d’Yves Ferroul : Le mariage pour tous.

Chacun d’entre vous peut réagir à ces positions auxquelles personnellement j’adhère totalement.
Mais puisque nous approchons de la période des vœux, le souhait de Sexologos est que notre revue évolue pour devenir un lieu d’échanges ouvert à tous ceux qui désirent s’y exprimer.
 

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Claude  Esturgié

Vice-Président de la Société Française de Sexologie Clinique
Président de l’Académie des Sciences Sexologiques


 
 
 

 

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Sexologos   #04

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