Croire pour l’Humain est un acte fondamental ; fondation avec les
matériaux que les anciens nous transmettent et qu’ils ont eux-mêmes
reçus de plus anciens et fondation sur laquelle, pour valider notre propre
construction, nous recherchons en permanence dans le réel ce qui
confirme ces croyances ancestrales que nous avions admises sans pouvoir les
vérifier.
Dans ce processus d’apprentissage, la compréhension des choses est déjà
orientée, mais nous essayons d’en acquérir une représentation
personnelle avant de la transmettre en espérant l’avoir enrichie de notre
expérience.
Si l’expérience repose sur la confrontation avec le réel nous savons
toutefois que nous évaluons la réalité à travers le filtre de nos
croyances, certaines sont utiles, un grand nombre nous rassure et nous éprouvons le besoin de
les valider car elles comblent les trous noirs de nos savoirs
imparfaits.
Entre mes croyances et celles de mes patients, la navigation se fait au
plus près du respect de leur souffrance et de leurs besoins, mais je
sais qu’une grande partie du travail que nous allons faire en commun sera de se
confronter à la réalité, réalité qui est, de plus, un concept en
perpétuel mouvement puisque relative.
Mes patients m’ont beaucoup appris et beaucoup donné, en cela ils
renforcent mes croyances.
L’amitié de mes pairs et la qualité des échanges que je trouve dans nos
rencontres ont stimulé l’affectif et l’intellectuel, ingrédients
indispensables …
Pour toutes ces raisons, cela me fait grand plaisir de continuer à
tailler ma pierre avec vous tous car la SFSC a été pour bon nombre
d’entre nous un lieu d’expérience et d’apprentissage où nous avons pu étayer nos croyances
sur celles qu’elle affichait et prendre le risque de les confronter à la
réalité de notre pratique au quotidien.
Confronter croyances et réalité est donc un processus vital applicable
tout aussi bien à notre maturation personnelle qu’à celle des sociétés savantes…
Et ce d’autant qu’elles investissent spécifiquement le champ de la
sexualité.
La sexualité, comme la religion, lieu de croyances et de savoirs
intimes, expérience humaine fondatrice, expérience du sacré dans
l’amour, lieu d’expérience du savoir scientifique pour nous, sexologues, nous oblige à
l’appréhender avec humilité et à remettre sans cesse notre ouvrage sur
le métier.
Je me demandais, en faisant cet éditorial, ce qu’il en était de mes
croyances d’il y a plus de trente ans et ce qu’était devenue la
sexologie en trois décennies, comment mes patients m’avaient obligée à garder ma curiosité
en éveil et comment je pouvais encore trouver une grande motivation à travailler pour la santé sexuelle.
La réponse , me semble t-il, repose sur deux vertus cardinales : la foi
et l’espérance !!
Je pense que croire en la spécificité de notre travail est un acte de
foi par les temps qui courent car, si l’utilité n’en est pas contestée,
nous sommes tiraillés entre la réalité de l’unité psychosomatique de la sexualité humaine (et
sa dimension relationnelle, culturelle et sociale), ce qui suppose une
écoute et un abord particuliers du symptôme, et la réalité de l’exigence de
résultat que suppose le processus de soin.
Mais de la dualité naît l’énergie, nous la verrons de nouveau à l’oeuvre
dans notre prochain congrès où, une fois encore, nous pourrons
confronter nos croyances, renforcer nos espoirs, démontrer que toutes les dimensions de
la sexualité font l’objet de notre attention et élever notre réflexion.
L’avenir sera celui que nous ferons.
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