« Il est paraît-il des terres brûlées donnant plus de blé qu’an meilleur Avril » chantait Jacques BREL dans l’immortelle « Ne me quitte pas ». Ces terres brûlées sont pour nous sexologues et acteurs du champ de la Santé Sexuelle, tous ces non-dits qui continuent à ne pas permettre l’émergence de la PAROLE chez tous ceux qui souffrent dans leur sexualité. Depuis l’arrivée du VIAGRA en 1998, nous avons enregistré une progression sensible des demandes d’aide et ce, pas seulement, dans le domaine des dysfonctions érectiles, mais aussi et surtout dans toutes les formes d’inhibition du Désir Sexuel. Ceci étant, nous savons tous que malgré la médiatisation de la Sexualité, malgré des campagnes de promotion bien faites auprès de l’ensemble des thérapeutes, et en particulier des médecins généralistes, beaucoup, trop sans doute, d’hommes, hésitent encore à consulter. Au-delà des chiffres impressionnants, on parle de plus de deux millions d’hommes, il y a des drames de la solitude, des mises en péril de l’équilibre des couples, voire des divorces. Au-delà de l’information, il y a la réalité d’une prise en charge, d’abord individuelle et de couple, de quelque chose qui dérange et qui nécessite souvent beaucoup de temps, trop de temps hélas, pour arriver à se formuler de façon structurée à l’intérieur des couples. Cette première étape est nécessaire, car c’est d’elle que dépendra le « succès » de la prise en charge thérapeutique. L’allié (e) dans toutes les dysfonctions est dans les couples, mais attention aux visages masqués qui trompent l’autre avant de tromper le thérapeute. Les conduites de sabotage sont nombreuses et une des préoccupations est de déjouer ces pièges. En effet, la médicalisation accrue de la plupart des dysfonctions est un bien, car elle a permis une véritable « démocratisation » des symptômes, mais c’est aussi un écueil, car combien oublient de replacer la sexualité dans son vrai contexte, à savoir un dialogue entre deux êtres humains, qui souhaitent mêler leurs deux intimités. La magie du médicament existe, mais elle doit pouvoir s’étayer sur une prise en charge plus globale, immédiate ou différée, qui à elle seule assurera à tous ces patients, une liberté réelle par rapport aux thérapeutes.
Le but est donc bien de les libérer de nous, et de leur rendre DIGNITÉ et ESPOIR, brisant enfin les tabous du NON-DIT et de la HONTE. La sexualité est un exercice solitaire qui nécessite bien souvent un acolyte, dans un « rapport » dont les effets sont d’une ambivalence extrême. La Sexologie en permettant à tous ces couples de venir en parler, a permis de lever l’hypothèque du refoulement. Ce printemps c’est son printemps. C’est aussi le temps d’une maturité et d’un équilibre enfin trouvé entre les médecins et les psychothérapeutes, entre les médicaments et les prises en charge individuelle ou de couple, entre la réflexion et l’action, entre la disponibilité et l’information. Notre équilibre à tous, passe entre autres, par une sexualité harmonieuse, capable de nous dispenser un bien être du corps, un apaisement de l’âme et une connivence avec l’autre. Notre sexualité doit s’insérer dans une notion plus large et de plus en plus nécessaire, la Santé Sexuelle, afin de faire de nos patients et de nous des êtres humains à part entière et non « entièrement à part ». La Sexualité est le premier lien, non pas uniquement avec l’autre dans une notion d’AMOUR et de PARTAGE, mais aussi et surtout avec nous qui la gênerons et la recherchons. C’est la fonction du printemps que de faire renaître la vie, comme la Sexualité le fait quand elle ne défaille pas. La Sexologie est là pour faire renaître le printemps chez tous ceux qui pensent qu’il n’y a plus qu’une seule saison : l’HIVER.
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