Mars    2012

 

Sexologos   #  02

 

 
 
Santé
Du Monde
 
 

 

 

DÉCOUVERTE D’UNE DES CAUSES GÉNÉTIQUES D’INFERTILITÉ MASCULINE

 

  Pour comprendre les causes de l’infertilité masculine et afin d’y remédier, de nombreuses recherches portent sur les gènes impliqués dans la formation des spermatozoïdes.
C’est dans ce domaine que l’équipe du laboratoire AGeing, Imagery and Modeling (AGIM, CNRS/Université Joseph Fourier/Ecole pratique des hautes études Paris), dirigée par Pierre Ray et Christophe Arnoult, vient de réaliser une avancée importante. Les chercheurs ont identifié le gène responsable de l’un des syndromes d’infertilité masculine, la globozoocéphalie spermatique, caractérisé par la production de spermatozoïdes à tête ronde incapables de féconder l’ovule.
Ce gène s’est avéré jouer un rôle fondamental dans la spermatogénèse, et pourrait de ce fait devenir une cible pour de nouveaux contraceptifs. Ce travail vient d’être publié dans le numéro de mars de l’American Journal of Human Genetics.

La globozoocéphalie spermatique est une pathologie rare caractérisée par des spermatozoïdes à tête ronde dépourvus d’acrosome, la vésicule contenant les enzymes permettant au spermatozoïde de percer la membrane pellucide de l’ovocyte.

Pour en découvrir les causes génétiques, les chercheurs ont analysé, à l’aide de puces à ADN, le génome de 20 personnes atteintes de ce syndrome.
Ils ont ainsi découvert que 75% des patients avaient en commun la délétion homozygote d’une séquence d’ADN de 200 000 paires de bases. Sur cette séquence se trouve un seul gène : DPY19L2.
 
 
La perte de cette séquence génétique est le fruit d’une «recombinaison homologue non allélique» : lors de la méiose, la division produisant deux cellules sexuelles à partir d’une cellule germinale, les chromosomes homologues s’échangent des séquences d’ADN. Ces échanges contribuent à l’évolution de notre espèce. Mais elles se produisent parfois à partir de séquences homologues localisées à différents endroits du génome, ce qui peut entraîner des duplications et des délétions de gènes comme dans le cas de la globozoocéphalie.
Cette étude a permis de découvrir que le gène DPY19L2 est nécessaire à l’élongation du spermatozoïde et à la formation de l’acrosome. On savait que chez le ver nématode C. elegans, le gène analogue à DPY19L2 joue un rôle important dans l’établissement de la polarité cellulaire, l’asymétrie dans l’organisation des composants de la cellule, indispensable au développement des embryons.





Spermatozoïde globozoocéphale
(en haut) et
spermatozoïde témoin (en bas) observés en microscopie électronique à balayage

  Les recherches de l’équipe du laboratoire AGIM conduisent à penser que chez l’humain, DPY19L2 joue aussi un rôle fondamental dans l’établissement d’une polarité cellulaire, mais dans ce cas, lors de la formation des spermatozoïdes. Ce serait ainsi le premier gène connu remplissant cette fonction.

Ces travaux permettent de proposer un diagnostic génétique pour les patients porteurs de spermatozoïdes globozoocéphales, et, à terme, d’imaginer des solutions thérapeutiques contre ce syndrome. Par ailleurs, DPY19L2 pourrait devenir une cible pour de nouveaux contraceptifs masculins non hormonaux. En effet, en bloquant son expression, ou l’action de la protéine, on pourrait empêcher la formation de spermatozoïdes féconds. Un brevet protégeant ce concept a été déposé en novembre 2009.

Source : communiqué de presse du CNRS de Mars 2011.

 

 

 

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