EN BREF


OBESITÉ ET SEXUALITÉ,
LIAISONS DANGEREUSES
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 Les jeunes femmes obèses ont moins recours à la contraception et ont plus de grossesses non désirées que les non-obèses. C’est l’un des enseignements d’une grande étude française sur les liens entre obésité et sexualité, publiée par le « British Medical Journal ».

Si les effets de l’obésité sur la santé commencent à être bien connus, ses conséquences sur la vie sexuelle n’ont guère été explorées. Dans le cadre de l’enquête CSF (Contexte de la sexualité en France) Nathalie Bajos (INSERM) et ses collègues, pour en savoir plus, ont interrogé par questionnaire plus de 10 000 personnes, parmi lesquelles 3651 et 1488 hommes étaient en surpoids (IMC entre 25 et 30) et 411 femmes et 350 hommes obèses (IMC supérieur à 30).

Chez les femmes, la probabilité d’avoir eu un partenaire sexuel dans les 12 mois précédant l’enquête est de 30
% inférieure chez les obèses. Chez les hommes, c’est la probabilité d’avoir plus d’un partenaire qui diminue de 70% pour les obèses, tandis que le risque de dysfonction érectile est deux fois et demi supérieur. Pas de problème fonctionnel associé à l’obésité pour les femmes mais, chez les moins de 30 ans, moins de consultations pour contraception, moins de recours à la pilule et quatre fois plus de grossesses non désirées.

Les femmes obèses avaient aussi plus souvent rencontré leur partenaire sur Internet, lequel partenaire était plus fréquemment lui-même obèse, et elles considéraient moins souvent la sexualité comme importante pour l’équilibre personnel. La pression sociale, une estime de soi diminuée et des préoccupations quant à son image corporelle contribueraient à expliquer ces résultats, selon les auteurs.

Il y a donc un net effet de genre de l’IMC sur les comportements sexuels, résument les auteurs, et les professionnels de santé doivent être conscients de l’impact que cela peut avoir sur la santé sexuelle.

Même si les médecins trouvent souvent difficile de parler de sexualité et de poids avec leurs patients, ils doivent le faire, renchérit, dans un éditorial, Sandy Goldeck-Wood, gynéco-obstétricienne et spécialiste de médecine psychosexuelle. Et professionnels de santé comme patients doivent retenir le message : «L’obésité peut nuire non seulement à la santé et à la longévité mais aussi à la vie sexuelle».
 

Edition avancée en ligne, doi :10.1136/bmj.c2573

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