En 1945, 1 500 maisons closes sont répertoriées en France,
dont 177 à Paris. L’année suivante, déjà sur le déclin, elles succombent davantage à la répression d’après-guerre contre la mafia des tenanciers, proche de Vichy et des occupants allemands et organisatrice du marché noir, qu’à l’humanisme ou au féminisme.
Soixante ans après la fermeture, le débat entre abolitionnistes
et réglementaristes déchire toujours l’Europe alors que
l’exploitation sexuelle est devenue un phénomène de masse, nourri par la mondialisation libérale. Dans le système
juridique abolitionniste, encore majoritaire, comme en
témoignent la Grande-Bretagne, la France, la Bulgarie,
l’Italie, les pays scandinaves ou encore la Pologne,
l’objectif est de faire cesser à terme la prostitution en
mettant l’accent sur le respect des droits de l’homme et
la lutte contre le proxénétisme.
Aux Pays-Bas, la loi de 1999 abolit l’infraction de proxénétisme
et présente la prostitution comme un choix individuel.
L’Allemagne a été plus loin en 2002 en reconnaissant la
prostitution comme un métier à part entière, donnant droit à
la Sécurité Sociale et à une retraite. Pourtant, dans ces deux pays, le proxénétisme fait flores. La Suède a pris le
contre-pied en incriminant le client sans punir la
prostituée.
Actuellement, quelques 300.000 femmes d’Europe de l’Est
se prostitueraient dans l’Union Européenne. En France, 78
% des quelques 18.000 prostituées sont étrangères, les
deux tiers venant d’Europe de l’Est et un tiers d’Afrique subsaharienne, souvent du Ghana, du Nigeria ou du Cameroun
par des filières dites «familiales», révèle l’Office Centrale pour la Répression de la traite des êtres humains. |