EN BREF

 

LA PRÉVENTION EST EN PANNE.

 

Le bel enthousiasme des années 1980 manifesté par la communauté gay pour une prévention efficace de la transmission sexuelle du VIH s’est émoussé dès 1995. Aujourd’hui, on constate une progression de la contamination VIH, particulièrement chez les jeunes hommes homosexuels, associée à une résurgence de la syphilis et à l’apparition de lymphogranulomatose vénérienne. Les messages de prévention doivent être renouvelés, notamment vers les populations migrantes hétérosexuelles d’Afrique noire, également très concernées. Le point a été fait lors du colloque sur le contrôle épidémiologique des maladies infectieuses*.



La forte mobilisation précoce et rapide de la communauté gay pour suivre un dépistage et adopter des comportements de prévention (préservatifs, safer sex, abstinence, etc.) démontrait son efficacité notamment chez les jeunes : en 1990, 21 % des sujets entrés dans la vie sexuelle en 1982-1983 étaient séropositifs, 10 % parmi ceux qui sont entrés dans la vie sexuelle en 1984-1985. Mais, dès 1995, avant même l’ère des trithérapies, on notait une reprise des comportements à risque qui s’est accentuée avec l’arrivée de nouveaux traitements. Les comportements à risque progressent dans la population générale, le préservatif n’a pas la faveur des jeunes qui ont commencé leur vie sexuelle après l’arrivée des trithérapies ni de ceux qui ont des partenaires multiples. L’évolution est encore plus nette en milieu homosexuel masculin: entre 1997 et 2000, la pratique de rapport anal non protégé avec partenaire occasionnel passe de 17 à 25 %. Sont particulièrement concernés les jeunes Franciliens. La prise de risque dans les lieux de rencontre sexuelle est d’autant plus grande que le sujet est jeune, séropositif pour le VIH et a eu plus de vingt partenaires en un an. De toute façon, un quart des répondants à une enquête ne connaît pas son statut sérologique. Plusieurs raisons à la reprise des comportements à risque ; Les trithérapies ont fait de l’infection à VIH une maladie chronique banale, moins dépistée avec une érosion des connaissances du grand public sur la maladie et les modes de transmission. 
L’aide des pouvoirs publics pour les campagnes se serait amoindrie : 11 millions d’euros en 1996 ; 7,6 millions en 1999. La réduction de la couverture médiatique, plus disserte sur les avancées thérapeutiques que sur la prévention, est aussi en cause. Enfin, dernière raison, le maintien à long terme des comportements de prévention semble difficile.

 

*12e Colloque sur le contrôle épidémiologique des maladies infectieuses, session présidée par le Pr G. Orth (Institut Pasteur) et le Dr M. Janier (hôpital Saint-Louis, Paris).

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