En France, 35 000 fillettes ou adolescentes sont excisées ou menacées de l’être. Les médecins s’en préoccupent rarement,
regrette l’Académie de médecine, qui s’emploie avec l’association Équilibres
et Populations à informer et inciter à la prévention. En effet, on estime aujourd’hui encore à 35 000, en France, le nombre de fillettes ou d’adolescentes excisées
ou menacées de l’être. Dans le même temps, la prise en charge des séquelles des mutilations est entrée dans une phase
nouvelle, plus active, avec des possibilités réparatrices. Il reste que la plupart des signalements émanent des PMI et
sont pour l’instant très rarement le fait de médecins libéraux. Pourquoi ? Pendant longtemps, de tels signalements ont été
considérés comme une rupture du secret médical et il y a même eu pour ce motif des poursuites ordinales de médecins
qui avaient choisi de briser le silence. Cette aberration a été, depuis, prise en compte par le législateur. Depuis janvier dernier, l’article 226-14 du code pénal précise qu’il n’est pas
question de poursuivre un médecin pour rupture du secret médical s’il signale au parquet une mutilation sexuelle. Autre
inquiétude de l’Académie, la tentation de médicalisation de la pratique pour des motifs pragmatiques : si on ne peut pas
empêcher la mutilation, qu’elle soit au moins réalisée de façon indolore et aseptisée. Si un gynécologue italien et des
médecins égyptiens ont reconnu l’avoir pratiquée, aucun cas n’est connu en France. Pourtant, « la participation de
médecins à des excisions est formellement interdite par l’OMS et par la Fédération internationale de
gynéco- obstétrique », insiste le Pr. Sureau.
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