EN BREF

 

ATTENTION A LA MÉDICALISATION 
DE LA SEXUALITÉ ?



Les sages du CCNE se sont penchés sur les aspects médicaux et socioculturels de l'utilisation du Viagra. L'occasion de réfléchir à la médicalisation croissante de la sexualité. Les sages notent d'abord que la présentation du sildénafil a pris d'emblée la forme d'une réponse thérapeutique à une pathologie individuelle nouvelle, “comme si le 
dysfonctionnement érectile était indépendant de tout contexte relationnel et affectif. Or la population ciblée était celle affectée d'un affaiblissement physiologique de la sexualité associé à l'âge, ce qui laissait penser que des hommes plus jeunes n'étaient pas confrontés à ce problème. En visant une clientèle particulière aux revenus souvent aisés, le discours à connotation médicale amplifiait aussi la logique de la performance qui depuis une génération entoure les questions de sexualité”. Toute amélioration des troubles de la vie sexuelle concourt au bien-être de l'individu, concèdent les auteurs du rapport. Mais ils soulignent que la vie sexuelle diffère d'autres fonctions individuelles, “car elle n'est pas vitale. Elle fait appel à l'interaction complexe de facteurs physiques et mentaux, et renvoie souvent à la complémentarité d'un autre.” Le CCNE considère que ce sont “autant de précédents d'une médicalisation de la sexualité qui paraît désormais irréversible”. Pourtant, la vie sexuelle renvoie à l'appréciation personnelle de chacun : “la qualité de l'acte et sa fréquence sont souvent abordées dans un contexte normalisant, mais cette approche n'a pas nécessairement de signification référentielle pour un individu donné”, peut-on lire dans cet avis. Il s'agit donc d'un “médicament” de la vie relationnelle, qui nécessite que le médecin fasse la distinction, d'une part, entre la démarche individuelle d'un homme et celle provenant d'un couple, et, d'autre part, entre les demandes induites par une pathologie organique et celles consécutives à l'altération progressive des capacités physiologiques. Ils suggèrent une véritable information éducative sur la complexité des troubles de la sexualité auprès des professions de santé et une meilleure information des jeunes sur les comportements sexuels dès les classes secondaires. Le comité dénonce la médiatisation de cette thérapeutique qui concourt à encourager son emploi dans des situations inappropriées. Il reconnaît dans un contexte pathologique déterminé le statut de médicament au sildénafil (et aux futurs produits proches en cours de commercialisation), mais rappelle que la prescription doit toujours rester médicalement encadrée et insiste sur le fait que “le rôle du médecin ne peut, dans ce domaine, se réduire à une simple réponse technique”. 


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