La prison de Casabianca, en
Corse, dont 80% des prisonniers sont des auteurs d'agressions sexuelles, assure mal le
suivi social des détenus. D'une manière générale, psychiatres et
psychologues dénoncent l'absence de moyens. Ils ne voient pas comment ils vont réaliser le
“suivi socio-judiciaire” des délinquants et criminels sexuels,
qui doit être prochainement mis en place.
Le “suivi socio-judiciaire”, créé par la loi du 17 juin 1998, et
qui devrait être bientôt appliqué par voie de décret, constitue une
peine complémentaire visant les personnes sanctionnées pour affaire
de mœurs.
Ce qui donne au condamné “l'obligation de se soumettre (...) à des
mesures de surveillance et d'assistance”, notamment à une injonction
de soins, d'une durée maximale de 10 ans en ce qui concerne les délits
et de 20 ans en cas de crime. A défaut, l'intéressé retournera derrière
les barreaux pour 2 ans ou 5 ans.
Si le détenu est consentant, il appartiendra à son praticien traitant
de le prendre en charge et d'en informer, sans violer le secret médical,
le juge d'application des peines (JAP). Il sera aidé d'un médecin
coordonnateur - 100 seront bientôt désignés par la Chancellerie - rémunéré
2 800 F par patient et par an.
Nombre de détenus incarcérés pour huit à douze ans, ajoute le Dr
Jocelyne Raptelet, “ont une problématique incestueuse, qui s'est révélée
au cours d'un divorce. Il s'agissait de gros travailleurs. Ainsi, à l'issue de
leur rupture conjugale et familiale, ils se retrouvent sans rien, sans boulot,
sans toit, sans argent. La psychothérapie, appliquée à ces gens perdus,
semble donc inopérante si rien n'est fait socialement”.
“En réalité, conclut le Dr Raptelet, c'est le social qui est primordial. Sans
lui les “perdus” resteront exclus”. Les Canadiens, qui travaillent depuis
longtemps sur ce sujet, partagent ces convictions.
Délits et crimes sexuels
48% des verdicts de cours d'assises concernent des agressions sexuelles. Un sur
deux a trait à des viols sur mineurs par l'entourage familial.
475 violeurs d'enfants de moins de 15 ans ont été condamnés en 1998, contre
271 quatre ans plus tôt. Au cours de la même période, les agressions sexuelles sur les
moins de 18 ans ont donné lieu à 1 119 condamnations, au lieu de 64.
Un détenu sur cinq est un agresseur sexuel.
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