LA SOCIÉTÉ, par tradition, conçoit la vieillesse comme une période asexuée. Or, de nombreuses études ont montré que des personnes âgées,
même très âgées, continuent à avoir une vie sexuelle active et satisfaisante, soit pendant le mariage, soit après un mariage, et c'est alors
souvent "deux chaumières et deux cœurs". Cela, surtout en dehors des institutions qui sont des lieux peu propices aux amours physiques. On
parle de ce sujet depuis des années, mais les institutions ne reconnaissent toujours pas ce problème comme devant être pris en compte. On
peut comprendre que l'hôpital n'est pas un lieu de vie et que le sexe y est absent, mais que dire des lieux de long séjour et des maisons de
retraite où des patients très âgés passent parfois des dizaines d'années en fin de vie ? Les couples officiels sont souvent admis dans une
même chambre. Quant aux couples informels, il sont souvent infantilisés par les personnels soignants assez intolérants. Le suivi des
cohortes de 1921-1940 a montré que, contrairement aux études transversales, l'aptitude à atteindre l'orgasme par des caresses manuelles ou
buccales s'améliore ; la sensation de bien-être après l'amour et la satisfaction à l'égard de la vie sexuelle actuelle augmentent pendant la
vieillesse. Une enquête dijonnaise a été réalisée pour connaître, en long séjour, l'opinion de patients très âgés (82 ans d'âge moyen) sur
la sexualité. Pour tous, les sentiments priment sur la relation physique. Si les deux tiers considèrent ces questions sur la sexualité comme
ridicules, un quart trouve que la sexualité à leur âge est normale et un quart que le long séjour est un lieu propice aux rencontres. La
date du dernier rapport était, pour moins de un sur dix, inférieure à un an ; les derniers rapports dataient de plus de vingt ans pour un
tiers des hommes et deux tiers des femmes. La plupart d'entre eux pensaient que la
masturbation était le moyen le plus simple de se satisfaire. Malgré cela, six sur dix avouaient un sentiment de solitude. Qu'en est-il de l'impuissance ou dysfonction érectile avec l'âge ?
Il faut savoir qu'en moyenne un homme de 70 ans a eu 50 000 heures d'érection au cours de sa vie, dont seulement 2 000 à 3 000 heures ont
été utilisées pour sa vie sexuelle. L'impuissance érectile est, comme la presbytie, une conséquence du vieillissement. Il n'existe pas de
norme, ni dans la vie active adulte, ni pendant le vieillissement ; cette impuissance est pratiquement toujours multifactorielle.
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D'après les communications de Christiane Delbes (FNG Paris), du Dr Dominique Richard (Dijon), du Dr G. Ferrey (Eaubonne), du Pr Alain Jardin (Bicêtre) et de N. Wrobbel (Paris) lors des 20 es Journées annuelles de Gérontologie à Paris.
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