A peine la porte de la salle
d’attente ouverte, qu’il était déjà debout, cartable sous le bras. Il était
entre deux cours. Les yeux ronds derrière ses lunettes en écaille. Le cheveu
court, la barbe brune autour du visage. Pas très grand mais semblant décidé.
Juste assis, il commence. Il avait déjà fait, durant quelques mois, une démarche
analytique. Il ne venait pas renouveler l’expérience. Il me demandait juste de
l’accompagner dans sa réflexion autour d’une «histoire
affective compliquée». Éventuellement, il attendait quelques conseils. Décidé et
pragmatique. Il s’était senti seul après son divorce, il y a quelques années.
Malgré un emploi du temps qu’il trouve chargé : ses cours, son activité dans un
journal et l’écriture avec l’ambition d’un roman. Alors les rencontres, il les
faisait via internet. Il menait de front deux «histoires» et gardait en plus
quelques correspondantes «régulières» sur le net. Pragmatique et
peut être dispersé.
C’est l’une de ces histoires qui l’amène ici. Il a rencontré la personne à
plusieurs reprises.
«Découverte charnelle» satisfaisante ; commentaire précis, économe. Il se dit
amoureux mais le dit comme si ce sentiment était
incongru. Elle, elle n’est pas attachée, précise t-il. Pourtant ?
Quelques centaines de kilomètres les séparent. Aussi l’achat d’une maison en
commun qui pourrait les rapprocher, est envisagé. C’est son tracas ; doit-il
s’engager. Quel est le sens de cette histoire et qu’y fait-il ? Émergence d’une
réalité qu’il avait évité jusque là, préférant sans doute la suggestion d’une virtualité choisie.
Il l’appelait son «égérie».
Sa carte du tendre passait par les écrans internautiques.
Scène de ses aventures textuelles.
(à suivre…)
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