Elle avait légèrement tourné
vers la fenêtre la chaise où elle était enfoncée et attendait le regard sans doute au loin, la
tête appuyée sur la main. Comme alanguie. La
posture restera sensiblement la même quand elle
s’installe dans le bureau. La stature est petite, et sa
minceur moulée dans du jeans. Le visage aux pommettes hautes et aux lèvres minces est souriant.
Les yeux grands et profondément sombres, soulignés par le
noir du maquillage. Le regard franc, direct est
pourtant totalement lumineux. Vif avec une pointe de
malice. Certains le trouveraient peut être aguicheur.
Son problème : les hommes !
Une sexualité qu’elle dit libre, sans tabou. Des rencontres
bien sur. Certaines qui compteront, d’autres moins. Mais toujours cet impossible attachement. Un lien qui se décline en rapport de force. Des relations qu’elle voit comme «un combat à mort». Dans l’ambivalence d’un sentiment qui la menace. La séduction, oui ! Quant au reste….Il ne s’agirait au bout du compte que de « les tenir par les couilles ». Seul langage qu’ils comprennent ; seule posture qu’elle s’autorise.
Bien avant, il y a ce père brutal et la soumission d’une mère.
Des coups et des cris qui parfois la nuit, réveillent les
enfants. Spectateurs effrayés, devant la porte toujours ouverte
de la chambre parentale, d’une violence intime. Et enfin ce jour où elle surprend avec le même effroi cet homme, son père, avec l’une de ses soeurs encore enfant. Témoin abîmé, recroquevillé d’une sexualité au-delà des tabous.
Le regard s’est assombri. La peur toujours.
Pourtant, dit-elle incidemment, «je n’arrive jamais à fermer les
portes de mon appartement, elles sont toujours
ouvertes»….
Elle aura dû en fermer tant d’autres !
(à suivre.....).
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