Il n’avait pris aucune revue
; il attendait. Guettant peut être
ma survenue, installé face à l’entrée de la salle
d’attente. Aussitôt debout dès l’ouverture de la porte, un sourire de mise, il
avance un peu raide, la main tendue devant lui.
La trentaine avancée, un physique rude souligné par son
crâne rasé ; les yeux petits, enfoncés et vifs qui
fixent. L’allure est sportive, la présentation stricte,
la démarche économique. C’est un militaire voué au combat, je l’apprendrai un peu plus
tard; du reste dans quelques mois il repart. Il
s’installe face à moi, toujours l’ombre d’un sourire sur
des lèvres charnues qui semblent posées sur son visage
anguleux. Parade à la tension lisible. Il attend mes
questions. Ses réponses seront succinctes. Uniquement des réponses, pas de commentaires, pas de
développement. Alexithymie ?
Je saurai pourtant le déficit de son désir, son
désintérêt et l’absence actuelle de vie sexuelle, la
déroute de son couple, les conflits et les perspectives
de séparation, les troubles de son érection, son
éjaculation prématurée dés les premières expériences bien
tardives pour lui, ses évitements et ses peurs, ses
complexes aussi, ce sexe trop petit selon lui. Je saurai aussi ses excitations et ses fantasmes,
ses nuits pleines dans les bordels de Djibouti ou
d’ailleurs, ses préférences pour des partenaires plus
âgées, bien plus âgées que lui : «plus vieilles que ma mère». Là, aucun
problème, il bande. Et je sais très vite son exigence, avant son départ prochain, d’un moyen
simple et efficace pour une puissance (re)trouvée. Il a
d’ailleurs lu quelques articles dans la presse.
Je m’y résous quinze jours plus tard lors de notre
deuxième entretien après qu’il eut tenté quelques
approches avec des partenaires. Sans succès, sans
entrain. Plus inhibé encore.
Pédagogique, je lui explique la prescription et la
nécessité du contexte érotique ; les caresses et le
lâcher-prise. Il repart avec l’ordonnance.
Quinze jours de plus, il revient. Il m’apprend d’emblée
qu’il n’a pas utilisé le médicament mais qu’il vient de
prendre un comprimé quelques heures avant la
consultation. Il souhaite qu’on évalue ici l’efficacité
du produit….. !!?
Silence poli mais navré du thérapeute….
(à suivre.....).
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