A peine lui avais-je transmis sur son répondeur professionnel, tel qu’il me le demandait, le jour et l’heure de notre premier rendez-vous, que son fax me parvenait... "ça commencera la thérapie" m’annonçait-il.
Trois pages pour me dire l’urgence, la violence et la passion. Trois pages qu’il débutait ainsi: "J’ai 48 ans. Je suis marié depuis 25 ans avec une femme que je connais depuis la classe de quatrième....". Début de l’histoire qui allait noircir des pages. Ouverture pour trio romanesque. Le mari, la femme, la maîtresse.
La lecture s’offre comme une représentation. Je l’avais fait à l’image de son écriture. Personnage bouillonnant, porté par sa faconde, sans doute un peu brouillon, peut être malicieux. Je l’avais vu moins droit, moins grand , moins raide. Présentation élégante d’un notable de province. Retenue distinguée et discours châtié. Et puis ce regard bleu, direct qui tient à distance.
Il m’a déjà tout écrit, me disait-il. Il attendait de nos rencontres surtout des explications. Des réponses à ces "pourquoi?". Une pédagogie de l’amour! Il n’avait, jusque-là, connu que sa femme. Pourquoi est-ce arrivé maintenant? Pourquoi tant de fébrilité, cet émoi qu’il ne connaissait pas, ce désir qui tord, ces hésitations douloureuses, cette indécision qui rend fou? Pourquoi ces pannes qui mettent à l’épreuve et ces glorieuses érections inopportunes? Que faire de ses principes, de son éducation, de ce qu’il a construit jusque-là. Est-il fait pour rester l’amant de sa femme ou doit-il envisager d’être le mari de sa maîtresse?. Et alors l’excitation sera t-elle la même? Et les regrets peut- être.
Il ne lâchera rien d’autre durant l’entretien que ce questionnement en boucle.
Les mots crus et les récits coquins ne m’arrivaient que par télécopie. Les photos scabreuses aussi!
Des kilomètres de papier plus loin, ponctués par quelques entretiens, la même problématique cornélienne...
Toujours scandée par ses éjaculations "faxuelles".
(à suivre.....).
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