Il avait coiffé ses cheveux en
avant pour cacher une calvitie naissante. Derrière ses lunettes rondes, de petits
yeux noirs, vifs. Il a aussi cet accent venu du sud de son Italie natale. Bien que les mains
accompagnent son discours, il y a comme une retenue dans son attitude. Plus qu’une gène comme une
excuse.
Il s’était dit qu’à 40 ans il était temps d’en parler.
D’autant qu’il arrivait au terme de l’ultimatum que lui avait posé sa
femme... Il allait se retrouver seul, sans elle et son enfant. Et puis, il y avait le père de cette élève qui l’avait
menacé.
Il avait quitté son pays à 20 ans pour poursuivre en France ses études de musicologie. Maintenant qu’il était professeur
il ne voulait pas tout gâcher.
Alors il dit.
Il dit cette confusion. L’esthétique féminine et les prémices de la beauté. Le grain d’une peau encore fragile. L’effleurement
de ses doigts sur de jeunes lèvres, geste qui pourrait encore passer pour “professionnel” s’il en restait là. Mais plus loin, la
langue, la moiteur, la chaleur. Le frottement pour corriger la position d’un bras, et l’appui de son sexe dur sur des fesses
encore naissantes. La caresse du bas d’un dos pour rectifier une attitude. La tension et le silence. Et alors l’illusion de l’acquiescement.
L’attirance pour les jeunes filles, il la reconnaît en lui très tôt de même que cette insécurité virile. Il pourra aussi
dire l’irruption précoce de la sexualité dans sa vie alors qu’à dix ans d’autres plus grands “jouaient” avec lui.
Entre tentation et faute passée.
A la fin de la séance, il reprend sa sacoche pour son prochain cours de flûte....
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