La testostérone a 77 ans.
L’hormone mâle est le fondement biologique de la pulsion. Elle n’est connue que depuis la fin des années 1930.
On imagine que ses effets ont été découverts, il y a 6000 ans avant JC quand un berger d’Asie mineure été le témoin
des effets d’une castration accidentelle sur un animal, devenu ainsi domesticable.
Ce n’est pas avant le 19° siècle que l’on commença à comprendre les effets de la castration chez l’animal.
Arnold Berthold, chez le coq, constate la régression des caractères secondaires et leur réapparition après une greffe
d’organe intra-abdominale.
Charles Brown-Séquard médecin français, fils d’une réunionnaise et d’un américain va explorer la pathologie
endocrinienne pendant plusieurs dizaines d’années.
Le Ier juin 1889, il communique devant la Société de Biologie de Paris sur l’effet d’auto-injections d’extraits de
testicule de chien, capables d’augmenter ses propres capacités physiques et mentales et son appétit.
L’organothérapie est née. Brown-Séquard est suivi par de nombreux chercheurs puis par les cliniciens.
Ces derniers réalisent des injections d’extraits testiculaires ou la transplantation de testicules humains ou de
chiens dans le traitement de maladies aussi diverses que tuberculose, diabète, paralysie, gangrène, anémie,
athérosclérose, grippe, maladie d’Addison, migraine, hystérie.
En août 1905 la revue Lancet publie l’article de Bayliss qui crée le terme hormone (en grec : je déclenche
l’activité).
Mais le début du siècle sera celui des pratiques de rajeunissement.
Eugen Steinach constate l’effet de rajeunissement de la vasectomie chez l’animal, cette technique sera appliquée chez
l’homme, Sigmund Freud est censé l’avoir utilisée. Steinach puis Voronoff utilisent ensuite la greffe chirurgicale de
testicule de chien chez l’homme. En Europe et surtout aux Etats unis des milliers d’hommes se feront traiter. Un peu
plus tard Niehans en Suisse met au point la thérapie cellulaire utilisant des injections de cellules animales pour
traiter des patients dont les organes ont été considérés déficients.
C’est l’intérêt de la recherche pharmaceutique pour l’organothérapie qui permettra d’isoler la Testostérone.
L’Allemand Adolf Butenandt isole la première hormone sexuelle l’œstrone en 1929 ; en 1931, il isole
l’androstenedione.
Leopold Ruzicka à Zurich synthétise l’androstérone en 1934.
En 1935,4 chercheurs des laboratoires Organon isolent la Testostérone. La même année Butenandt et Hanisch
synthétisent la Testostérone avec les laboratoires Schering de Berlin. Huit jours plus tard, Ruzicka et Wettstein
parviennent au même résultat. Ce sont Ruzicka et Butenandt qui se verront attribuer le prix Nobel de chimie en 1939. Les nazis empêchent
Butenandt de le recevoir.
Depuis, la recherche sur la testostérone a progressé. Cette hormone mâle est un androgène fort (d’autres hormones ont
une activité moins marquée), elle est synthétisée à partir du cholestérol essentiellement par les cellules de Leydig
des testicules (95%), beaucoup moins par les surrénales (5%).
La sécrétion est contrôlée par effet rétroactif par l’hormone anté-hypophysaire LH.
La testostérone stimule la synthèse de protéines spécifiques en agissant sur un récepteur nucléaire.
Au moment de la naissance survient un pic de testostérone maximum à 3 mois, qui diminue au taux plancher vers 7 mois.
C’est à partir de la puberté que le taux plasmatique va s’élever progressivement vers le taux adulte.
La sécrétion quotidienne est de 7mg, circulant librement et surtout liée aux protéines plasmatiques (albumine et
globulines).
Si l’hormone mâle a actuellement des indications thérapeutiques bien précises, elle a pu être utilisée aux USA pour
traiter….l’homosexualité et son dosage pour dépister les agresseurs sexuels est d’un intérêt moindre qu’il y a
quelques dizaines d’années. Actuellement on estime qu’aux USA 1 million de body builders l’utilisent
régulièrement.
L’utilisation de la testostérone sous forme injectable, orale ou percutanée donne d’excellents résultats dans
l’hypogonadisme. Les résultats chez les patients ayant un taux de castration (autour de 0,50ng/ml) sont excellents
avec amélioration de la libido, des érections et le maintien des caractères sexuels secondaires. Chez les patients
présentant une dysérection et une hypotestostéronémie relative les résultats positifs ne sont que de 50%.
La recherche et la clinique ont conduit à découvrir les anti-androgènes. Certains comme l’acétate de cyprotérone ont
un effet central qui réduit la libido ; ce produit est utilisé dans le traitement des agresseurs sexuels.
Plus récemment il a été mis en évidence le rôle de la testostérone dans les troubles du désir sexuel…….. chez la
femme.
L’histoire de la testostérone n’est sans doute pas finie.
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