Septembre    2012

 

Sexologos   #  03

 

 

La Vie de l'

AIUS  

 

Une nouvelle commission à l’AIUS :
 la commission violence
 

Si la loi du 9 juillet 2010 «relatives aux violences faites spécifiquement aux femmes, aux violences au sein du couple et aux incidences de ces dernières sur les enfants» a été votée à l’unanimité avec le soutien du gouvernement et est entrée en vigueur en octobre de la même année, le bilan est globalement négatif pour l’instant.
Les violences à l’égard des femmes restent entretenues par un système de discrimination qui conforte les femmes dans une position subalterne. Toute discrimination ne mène pas pour autant à la violence.
Cependant, parce qu’elle est souvent cachée, banalisée, intégrée dans les normes et les pratiques du fonctionnement social, la discrimination envers les femmes est un terreau propice à des manifestations de violence. L’Assemblée générale des Nations unies a défini cette violence en 1993 comme : «Tous actes de violence dirigés contre le sexe féminin, et causant ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques, sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée».
Les différentes violences comportent : les violences au sein du couple, les viols et agressions sexuelles, les mutilations sexuelles féminines, le mariage force, la polygamie, la prostitution, les violences au travail. Les femmes ne sont pas les seules touchées et en 2007, les rapports de gendarmerie montraient que 16,7% des violences conjugales touchaient des hommes en France. En 2006, une première estimation du coût annuel des violences du couple donnait le chiffre 1093,5 millions d’euros.
Le nouveau projet de loi sur le harcèlement sexuel, qui vise à combler le vide juridique créé par l’abrogation de l’ancienne loi en mai dernier par le conseil constitutionnel, a été dévoilé. Pour le gouvernement, ce texte se rapproche de la directive européenne de 2002 sur le harcèlement sexuel, jamais transposée dans le droit français et propose une «définition aussi précise que possible d’une infraction pénale». Cependant pour certaines associations, il s’agit d’un texte compliqué et en partie inapplicable. Pour obtenir l’infraction la plus sévèrement réprimée, la victime doit prouver énormément de choses, d’autre part la forme la plus grave de harcèlement n’est toujours pas plus punie qu’un délit de vol. Plus simplement, on peut se demander si la punition est une entrave à la violence faite aux femmes ou bien cela ne passe-t-il pas plutôt, par la prévention et l’éducation des jeunes, facteurs culturels de la place de la femme...
C’est dire l’enjeu du problème des violences pour notre société. Les professionnels de santé dans le domaine de la Médecine Sexuelle ont donc un rôle majeur à jouer que ce soit dans le rôle de la prévention ou de la prise en charge. C’est pourquoi la commission violence a été créée au sein de l’AIUS. Elle est destinée à sensibiliser et former les sexologues au dépistage et à la prise en charge de ces violences, à faciliter les échanges professionnels par la création de réseaux. Une première réunion a eu lieu en mai à Chambéry organisée par P Blachère, autour du thème des mutilations génitales féminines. Notre publication dans le Lancet du mois de juin (http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736-%2812%2960400-0/abstract), devrait également permettre de relayer ces messages pour l’ensemble de la communauté médicale et asseoir les futures actions de notre commission.
 
 
Béatrice Cuzin
&
Pierre Foldès
Responsables commission violences
 

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AIUS : secretariat£aius.fr

 

 

 

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