Dans
Sexologos de mars 2012, Mireille Bonierbale, Présidente et
Antoine Faix, Secrétaire Général, revenaient sur deux
objectifs de l’AIUS : soutenir la formation des sexologues
et le rassemblement des professionnels qualifiés ayant une
activité professionnelle dans le domaine de la sexualité
humaine.
L’expérience menée dans la Marne depuis 2002 illustre bien
ces objectifs. Comment? D’abord il y a eu l’observation du
terrain et le constat que bien des jeunes victimes de
violences sexuelles présentaient, entre autre, des
comportements sexuels problématiques qui amenaient rejet et
marginalisation de ces jeunes souvent confiés aux services
sociaux et/ou à la Protection Judiciaire de la Jeunesse ;
les professionnels de ces services étaient décontenancés,
découragés et conscients de leur manque de formation en
matière de sexualité. Leur désarroi s’accrut au début des
années 2000 face à l’augmentation des violences sexuelles
commises par des mineurs. Notre formation en sexologie à
Toulouse Paul Sabatier, complétée d’une solide formation
pratique en éducation à la sexualité, nous a permis :
d’aller sur le champ de l’accompagnement du développement
de la sexualité de ces mineurs ;
d’axer notre travail sur le soin par l’élaboration d’une
thérapie sexuelle destinée d’abord aux mineurs victimes,
avant de l’adapter pour les mineurs auteurs de violences
sexuelles.
Mais le soin ne pouvait se développer sans que d’autres
professionnels ne soient eux aussi formés à considérer les
violences sexuelles, pour motiver les jeunes à aller en
consultation de sexologie en les accompagnant au début des
prises en charge. Et puis comme très vite la demande au
titre du soin est montée en flèche, il a fallu travailler en
amont, en prévention, d’où l’évidence de l’éducation à la
sexualité.
Le soutien de l’AIUS depuis 2003 s’est avéré indispensable.
En effet, les considérations éthiques sont au premier plan
pour prendre en charge des mineurs dans leur développement
sexuel. D’où l’importance de ce soutien pour rassurer les
institutions engagées dans le suivi des mineurs. En
témoignent aujourd’hui deux faits: la pérennisation de la
Cellule Départementale d’Accompagnement du Développement de
la Sexualité validée par le Conseil Général de la Marne dès
2004 et la validation, par l’Ecole Nationale de la
Protection Judiciaire de la Jeunesse, de la formation de
professionnels en éducation à la sexualité.
Conçue pour tenir compte des réalités sociales et de toutes
les conséquences des violences sexuelles des mineurs, cette
formation comporte 120 heures pour considérer la sexualité
et le concept de santé sexuelle dans une visée éducative.
Les trois objectifs primaires d’éducation à la sexualité
sont largement travaillés en théorie et en pratique par les
professionnels engagés : savoir créer les conditions d’un
dialogue sur la sexualité avec ces jeunes, accompagner leur
réflexion pour la construire et leur permettre de
s’approprier les moyens pour la vivre dans l’idée de respect
de soi, de l’autre et de la société... qu’ils ont à bâtir !
Ces professionnels doivent aussi acquérir le savoir-faire
pour dépister précocement les violences sexuelles, les
troubles du développement sexuel, orienter vers le soin et
être en mesure de relayer le concept de santé sexuelle dans
leurs équipes. Sans aucun doute, le soutien de Mireille
Bonierbale mais aussi de Marc Ganem au congrès sur les
violences sexuelles des mineurs à Reims en 2009 a compté
dans la décision de cette deuxième institution publique pour
valider cette formation. C’est ainsi que la dynamique de
l’AIUS pour avancer en matière de santé sexuelle s’est
largement impulsée jusque dans la Marne... terre bien peu
connue... sauf par son Champagne !. |