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La fidélité |
La fidélité
est un sujet peu abordé en sexologie en regard du
nombre de couples «infidèles» estimés ou du nombre d’aventures
extraconjugales qui nous sont rapportées par les patients
ou leurs conjoints.
Une approche plus psychopathologique que phénoménologique
nous conduit à considérer le séisme que suscite une relation
extraconjugale
dans le couple (la jalousie, la blessure narcissique…)
sans que soit posée ou questionnée la légitimité ou le sens de la
fidélité
dans le couple.
Dans notre culture contemporaine, la fidélité apparaît le plus
souvent
comme une partie implicite du contrat d’un couple qui se
forme. Longtemps la fidélité n’a été qu’un élément de cohésion
sociale, une obligation (surtout pour les femmes), garant de
l’alliance
choisie par les parents pour les enfants. Le choix chrétien est venu
remplacer l’interdit (relatif) de la relation extraconjugale par une
fidélité
comme sens d’une alliance fondée sur un choix d’Amour.
Cependant comment expliquer que, loin de s’affranchir de
l’obligation
de fidélité des Anciens, défenseurs de la cohésion sociale, les
Modernes, promoteurs de la liberté individuelle, aient investi la
fidélité (donc ses contraintes) comme une valeur essentielle de
l’Amour ?
Il y a, tout d’abord, dans la rencontre amoureuse, le sentiment que
l’autre est unique : la fidélité alors n’est pas un choix, elle va
de
soi. C’est une évidence, un absolu.
Pour Levinas, l’Amour est une tentative pour échapper à la puissance
aliénante de la solitude de son être. Mais cette rencontre de
l’Autre
conduit toujours à cette expérience de ce qu’il n’est pas soi-même.
Peut-être est-ce là que tout se joue.
L’une des dimensions de l’Amour érotique est un sentiment et
nous pouvons nous accorder sur le fait qu’il peut conduire à une
relation
d’exclusivité. Mais un sentiment est par nature potentiellement
provisoire. Pour perdurer, l’Amour érotique doit s’accompagner
d’un engagement, d’un choix (Erich Fromm).
Mais l’autre à la fois me requiert et me résiste : en cela il me
fait violence.
Cependant c’est cela qui me sauve en me permettant de
me désintéresser de moi-même. Aimer c’est aussi accepter de se
sacrifier à la conjoncture amoureuse «L’Amour fait de vous l’otage
d’un
absent que vous ne pouvez ni fixer, ni esquiver, ni éconduire»
(Alain
Finkielkraut).
Peut-être est-ce ainsi maintenant que je peux écouter et comprendre
ce couple dont l’épouse accompagne son mari présentant
une dysfonction érectile. Ils évoquent cet amant dont elle ne
veut pas se séparer. Lui dit aimer sa femme. Ils désirent continuer
le chemin ensembles. Masochisme ou
Amour ?
Nos troisièmes Assises seront l’occasion
d’explorer ces situations difficiles que seules
l’expérience, l’écoute et l’ouverture sur les
profondeurs de l’être et ses multiples capacités à réinventer la vie
permettent de comprendre.
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Arnaud SEVENE
Secrétaire Général de la Société Française de Sexologie Clinique
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