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Assises Françaises 
de Sexologie
et de Santé Sexuelle
Strasbourg 2008 

Stratégies d'adaptation

LA "GUERRE DES SEXES"


Au sujet des références de son dernier livre : «les métamorphoses du masculin», elle signifie que le travail personnel et le sujet présenté sont connus et exploités depuis un temps certain.

L’intérêt est porté sur les changements des femmes et l’implication de ces changements sur les hommes mais encore les effets du changement des hommes sur les femmes.
Les années 1988, suite à la sortie de son premier livre, retraçait une première étude de l’époque citée. L’étude était assez marginale et très mal vue du point de vue des féministes pures et dures. Il n’était pas judicieux de s’interroger à l’idée du changement des femmes et de l’implication de celui-ci concernant les hommes. En fait le sujet a été perçu comme une trahison à la cause féministe. Ce jugement était attristant, d’autant que l’important résultait de la dynamique issue de la dialectique des rapports homme-femme. Et notamment comment la transformation de la condition féminine interfère sur le masculin.
« Bien sûr c’est une énorme question et je n’ai pas la prétention de la résoudre, on va seulement aborder quelques directions qui me semblent intéressantes et fondamentales.
A la suite des enquêtes réalisées avant 1988 concernant différentes générations et plusieurs catégories sociales et classes d’âges, on peut rendre compte des transformations des jeunes générations. Ceci a permis de comparer trois générations entre elles, les pré- féministes, les féministes et les post- féministes aussi bien du côté des hommes que des femmes.
L’intérêt est avant tout de savoir où ont lieu les changements. Il est aisé d’observer la fracture socio culturelle concernant les représentations des hommes face à eux-mêmes mais l’intérêt est de se pencher sur d’autres représentations.
Le fait de sortir de la culture patriarcale rurale ou de la culture patriarcale industrielle représente la troisième époque historique la société contemporaine.


Culture patriarcale rurale et industrielle
Face à la sortie de la culture patriarcale rurale ou industrielle on a noté une période de trouble et des difficultés. Cette période de trouble et de difficultés engendre la résurgence d’un masculin défensif très fort, en effet, la société contemporaine traversée de changements crée des périodes réactives. La création et l’innovation entraînent ce besoin de défense en s’appuyant sur les bases du passé : la tradition.
De nos jours on ressent le renforcement de la masculinité défensive. Ce sentiment est surtout présent chez des personnes victimes de ségrégation et de discrimination. C’est un moyen de renforcer son identité à l’aide de valeurs sûres même si ces valeurs comportent des côtés obsolètes.
L’important est de voir la perception de la dimension obsolète du côté de la société masculine patriarcale mais aussi comment la volonté de la part d’autres catégories qui sont moins victimes de discrimination et de ségrégation tend vers la distanciation du patriarcat.

On note donc une volonté de construire sa subjectivité tout en prenant du recul face à la culture patriarcale. La culture patriarcale rurale dénote cette différence entre les hommes et les femmes autour du profane. C'est-à-dire des femmes et du religieux où les femmes sont associées à la nature et au profane et les hommes sont associés au sacré et à la culture.
Ce clivage là est primordial, il est emmêlé à l’importance accordée à la filiation et référée à la hiérarchie sociale : la monarchie. Antérieurement il y avait une conception du masculin construite autour de la filiation de sang. Cette conception a notamment été illustrée grâce au journal des rois qui met en scène la petite enfance de Louis XIII et à l’importance de son phallus, du phallus en général et à tous les stéréotypes masculins. La capacité de défense et la capacité à traiter les femmes comme des objets répondaient à la construction d’un système culturel, social et économique donnant toute son importance à la filiation des sangs.
Ces références symbolisaient la puissance du phallus. Les femmes étaient sollicitées à travers leurs capacités à être vierges et fidèles. Ce désir de posséder des femmes vierges avant le mariage et fidèles pendant celui-ci révélait le manque de preuve évidente concernant la paternité. Et par voie de conséquence, l’importance de ligoter ce manque de preuve à l’aide de ces comportements.

La période industrielle est aussi traversée par le clivage du masculin et du féminin dénotant le patriarcat industriel. Ce clivage était symbolisé par la hiérarchie entre la sphère publique et la sphère privée, le féminin représentait la sphère publique et le masculin celui de la sphère privée. La femme n’existait qu’en tant qu’épouse et mère.


La société contemporaine
De nos jours, on assiste à un découplage entre sexualité et procréation, entre filiation et alliance et entre sexe et rôle. La société contemporaine représente la troisième période et reflète la sortie de la mono culture masculine. Elle tend vers une certaine flexibilité, mobilité des identités et une reconstruction des modes d’affirmation du masculin et du féminin. De même une redéfinition de l’étanchéité de la sphère publique et de la sphère privée est visible.

La hiérarchie entre les sexes et les genres, à savoir que les hommes étaient du côté de la production et de la rationalisation et les femmes de la nature, de la reproduction et des besoins des émotions, se dessine différemment.
Des déplacements s’opèrent donc et il est très passionnant de les analyser.
Le contexte actuel est très intéressant et complexe concernant les représentations et l’intériorisation des modèles par les hommes et les femmes. Il est bon de savoir que la société contemporaine est traversée par la juxtaposition des modèles hérités de l’histoire : les modèles ruraux, patriarcat industriel et les modèles contemporains.


Les modèles contemporains
Ainsi on constate une juxtaposition des modèles accompagnant les représentations et les pratiques quotidiennes.
A la naissance de problèmes ou de difficultés, les femmes et les hommes ont tendance à basculer dans les anciens modèles. En comparant les hommes et les femmes de différentes générations, on réalise à quel point la femme peut s’affirmer comme sujet social ayant des droits civiques et sociaux. Elle construit sa subjectivité notamment en refusant un certain nombre de pratiques et d’attitudes lui apparaissant comme du domaine de la contrainte.
A l’inverse du côté du masculin, les jeunes générations prennent en considération les attentes de la femme et considèrent d’avantage l’importance des relations avec la femme notamment dans la dimension de dialogue.
Le constat de la durée de vie d’un couple est intimement lié à la capacité de dialoguer au sein du couple et notamment à dialoguer sur la question des rôles.
A un moment donné on s’est interrogé sur la dimension à donner au dialogue et à la compatibilité de celui-ci envers le désir, et des études américaines ont montré que plus l’existence de négociations et de dialogues voit le jour plus le désir et la durabilité de celui-ci est constatée.


Enquêtes quantitatives
Il s’agit du questionnement de 200 hommes et 200 femmes de notre temps face aux représentations du masculin par les femmes et du féminin par les hommes de façon spontanée et profonde. L’enquête porte sur des mails écrits par des jeunes à une revue, l’intérêt est la non médiatisation du face à face.
Ces courriers électroniques s’adressent à une star du porno afin de parler de leur sexualité et de leur attente.
On voit la naissance de la culture intimiste masculine et la prise de distance par rapport à eux-mêmes et à l’autre.
Il est surtout question de la qualité de la relation, les femmes quant à elles se posent d’autres types d’interrogations.
Globalement et concernant les deux points de vue du masculin et du féminin les questions abordées sont simples et complexes.
Elles concernent les protections et les références à la pornographie, l’infidélité et ses paradoxes, la transsexualité, l’homosexualité masculine et féminine.
Mais encore comment sortir des sentiers battus, savoir identifier sa sexualité et connaître les bonnes normes de la bonne sexualité.


Conclusion

Les hommes et les femmes sont attachés à l’importance de la référence à la norme d’une bonne sexualité pour soi et le couple.
Un désir de tout combiner concernant les jeunes hommes et les jeunes femmes dans une relation à long terme. Il est crucial de souligner que la jeune génération ait le désir d’unir la communication, la bonne relation, la bonne sexualité, l’érotisme et aussi l’enfant.
De même on constate que les jeunes générations masculines, 60 ans après les générations féminines et ses changements, éprouvent elles aussi ce besoin de tout combiner.
Afin d’analyser ces changements, il est primordial de s’appuyer sur la référence à la notion de rôle paradoxal ou comment les pratiques d’aujourd’hui se réfèrent à la norme et là font éventuellement bouger dans leur façon de chercher à intégrer différentes dimensions d’une part, et d’autre part, comment il s’agit de se référer aux rôles ambivalents.
En fait la volonté d’accorder des choses opposées et notamment pour les hommes et les jeunes générations l’envie d’assembler la vie professionnelle et la vie privée sans sacrifier la première à la deuxième. Une chose importante de nos jours est d’inclure la partie intime : désormais il s’agit de tout combiner et non pas de choisir.

 


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