DU FANTASME



La sexualité humaine s’offre à notre réflexion comme un objet polysémique, à la confluence de l’anthropologique et du sociologique, du culturel et du politique, du symbolique et du moral, du biologique et du subjectif. Elle est un ensemble de comportements et de conduites, confrontés à la permanence d’une activité pulsionnelle, qui ne répondent plus à la nécessité de la génération de l’espèce bien qu’elle y contribue totalement et s’inscrivent dans un apprentissage résultant d’une imprégnation ne passant pas nécessairement par la conscience et ne reposant pas uniquement sur des éléments explicitement sexuels.
Tout au long du XIXème siècle, un discours médical s’approprie la sexualité humaine par le biais d’une médecine des perversions où s’entrecroisent les thèses d’une psychiatrie ayant pour thème récurrent la dégénérescence et les vues d’une anthropologie criminelle naissante; médecine du signe nourrissant les répertoires nosologiques des déviances sexuelles. C’est aussi, à partir de ce terreau, que FREUD conceptualisera ses intuitions et mettra à jour les formes infantiles de la sexualité, assise de sa théorie du psychisme allant bien au delà d’une médecine du sens. Véritable rupture épistémologique, cette théorie étaye la sexualité sur les pulsions et leurs destins, la fonde sur le fantasme et la place dans l’incontournable conflictualité entre un principe de plaisir et un principe de réalité. Dans cette perspective le corps érotique n’est que l’issue : scène d’une élaboration, d’une symbolisation où l’expérience refoulée inscrira les réminiscences.

 

Jacques CHAUMERON



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