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Dysfonction érectile : cherchez la femme !
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La santé sexuelle de l’homme fait partie intégrante de la santé du couple. Dans l’enquête Louis Harris (oct. 2001) 25 % des femmes d’un échantillon représentatif, soit une femme sur quatre, déclaraient avoir été confrontées à des troubles de l’érection ! Dans notre pratique, la majorité des dysfonctions érectiles comportent un facteur psycho-relationnel impliquant directement ou indirectement la partenaire, pour peu qu’on prenne la peine de le rechercher.
La femme du patient souffrant de dysfonctions érectiles peut avoir joué le rôle de facteur déclenchant du trouble, de facteur de maintien ou d’aggravation, d’obstacle à la guérison, ou/et de non assistance. Cette femme peut avoir également joué le rôle, indirect et involontaire, de réactivation psychogène d’une problématique précoce de l’homme.
La femme, facteur causal direct de dysfonction érectile :
· Rôle déclenchant par dysfonction sexuelle féminine :
Les partenaires d’hommes avec dysfonction érectile présentent elles-mêmes une haute prévalence de dysfonction sexuelle (Derogatis, Meyer,1979). La proportion de dysfonction sexuelle atteindrait de 24 % (Sofres,1994) à 62 % (Renshaw, 1981) chez ces femmes. On comprend aisément qu’une anorgasmie, un vaginisme, une dyspareunie, une diminution de l’intérêt sexuel chez la partenaire puissent démotiver ou bloquer le patient; d’autant plus si ce dernier est par ailleurs fragilisé pour des raisons autres, par exemple professionnelles.
· Rôle déclenchant par trouble de la personnalité chez la femme :
Un trouble du caractère (femme possessive, jalouse, autoritaire, dominante…) ou un trouble de la personnalité (revendicatrice, hystérique, paranoïaque,…) et à plus forte raison une pathologie psychiatrique caractérisée (dépression, délire,…) peuvent perturber l’harmonie du couple et altérer gravement la communication conjugale, au point que l’homme éprouvera envers sa partenaire une rancune qui pourra se traduire par une dysfonction érectile.
Par ailleurs, les conflits de couple sont souvent plus fréquents chez les hommes à dysfonction érectile (Speckens, 1995) : ces conflits se retrouveraient dans 16 % des cas de dysfonction érectile selon un sondage Sofres (1994) et dans 25 % des cas selon une étude de Catalan (1990).
· Rôle déclenchant par attitude négative de la femme :
Une attitude systématiquement critique ou évoquant un examen de passage, une attente de performance, un scénario sexuel trop rigide ou une absence d’initiatives sexuelles, sont de nature à déstabiliser l’homme et à induire la dysfonction érectile.
La femme, facteur aggravant d’une dysfonction érectile :
· Une réaction inadéquate de la femme peut pérenniser ou aggraver une dysfonction érectile parfois simplement accidentelle. Cela peut se traduire par une attitude ou des propos maladroits, par des reproches (4 %, Louis Harris 2001) ou l’expression d’une frustration (24 %, Louis Harris 2001) entraînant une culpabilisation de l’homme par une moquerie, par une dévalorisation (parfois devant des tiers !), et même par des insultes.
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NON ASSISTANCE TO A PERSON WITH E.D (Erectil dysfonction) =
(Non.Ass.à Personne.En.Danger)
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Obstacles à la guérison :
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· Réactions féminines fréquentes (qui lorsqu’elles ne sont pas prises en compte, risquent de compromettre l’issue du traitement) : la femme peut penser que c’est sa faute, qu’elle n’est plus attirante, qu’il a une liaison, qu’il faut éviter tout contact pour éviter l’échec, ou encore qu’elle peut se réjouir de prendre une retraite sexuelle.
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· Réactions agressive : refus de dialogue, indifférence, refus de se remettre en cause, refus de collaborer (40 % considèrent que la consultation ne les concerne pas – Louis Harris 2001).
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· Absence d’initiatives positives
: soit par ignorance, et c’est alors de notre responsabilité de thérapeute d’informer. Soit par existence d’un
contentieux non réglé (il faudra le solutionner avant de traiter la dysfonction érectile ; c’est d’ailleurs parfois le traitement adéquat !).
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Quelles sont les initiatives féminines pouvant aider l’homme dysfonctionnel ?
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· L’encourager à consulter, proposer de l’accompagner, favoriser son adhésion au traitement.
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· Identifier les problèmes potentiels, reconnaître ses propres comportements inhibants.
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· Désamorcer le cercle anxieux masculin, adopter des comportements stimulants désintéressés.
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· Il ne faut évidemment pas négliger le vécu de la femme d’un sujet souffrant de dysfonction érectile.
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Le docteur Marie Chevret a précisément montré que le sentiment de bien-être et de qualité de vie de ces femmes est fortement corrélé à la qualité de l’érection de leur partenaire.
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Une femme peut en cacher une autre
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La femme peut être un facteur déclenchant indirect de dysfonction érectile par réactivation involontaire d’une problématique précoce du sujet. En effet, au-delà de la responsabilité de la partenaire, il y a la responsabilité de l’homme d’avoir, même à son insu, fait le choix particulier de cette femme-là, et cela renvoie inévitablement à l’autre femme de l’impuissant, sa mère, source de ses empreintes précoces, si déterminantes pour ses choix amoureux ultérieurs.
Conclusion
Le rôle étiologique de la femme dans la dysfonction érectile est sous-évalué, et son potentiel thérapeutique sous-utilisé. Si on cherche la femme, celle que l’on trouve, n’est pas toujours celle que l’on croit.
Excepté pour des populations d’hommes âgés ou à risque, il n’est pas logique, ni économique de commencer l’évaluation d’une dysfonction érectile par des explorations biologiques ou neuro-vasculaires… compte tenu de la prépondérance statistique des facteurs psychorelationnels. Il n’est pas plus logique de prescrire d’emblée un médicament sexo-actif sans considérer les facteurs inhérents aux femmes de l’impuissant.
Mis à part dans les dysfonctions érectiles organiques, les médicaments sexo-actifs peuvent être précieux s’ils s’inscrivent dans une stratégie d’approche globale du patient dysfonctionnel.
La femme, comme la constellation familiale, fait partie de l’environnement naturel du sujet souffrant de dysfonction érectile, au même titre que l’air, les plantes, le cadre et le rythme de vie, mais aussi le bruit, la pollution… Tout facteur dont le rôle étiologique (et pour certains thérapeutiques) n’est pas assez pris en compte. Je suggère donc que dans tous les congrès de notre discipline il y ait une session spécifique « d’éco sexologie ».
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Robert PORTO est :
Président de l’European Federation of Sexology le docteur Robert Porto, Psychiatre et Gynécologue, est un des pionniers de l’enseignement de sexologie en France.
Cofondateur de l’Association Inter Hospitalo Universitaire de Sexologie.
Directeur de l’Enseignement Universitaire de Sexologie des Facultés de
Médecine de Marseille et de Montpellier.
Il est directeur scientifique de la revue européenne de sexologie « Sexologies ».
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