La rubrique du psychosexologue clinicien
 

De la satisfaction génitale
à l’amour sexuel
 

 

Lorsqu’une hormone que l’on nomme testostérone est sécrétée sous l’influence de l’hypothalamus – hormone responsable de l’augmentation de l’agressivité dans la fonction érotique - nous nous mettons en quête d’avoir un objet à aimer et notre organisme se prépare à l’amour. A moins que ce ne soit l’inverse : lorsque nous sommes amoureux, notre hypothalamus sécrète de la noradrénaline qui nous prédispose à l’acte sexuel. A moins que ses deux formulations ne pêchent en introduisant une relation de causalité quelque peu réductrice.

Quoiqu’il en soit, il existe une corrélation entre le système neuro-central et les phénomènes émotionnels et affectifs. C’est ce pont entre la réaction biochimique et endocrinologique rétablie et le système relationnel, sensoriel et émotionnel qui va permettre le dépassement de la satisfaction génitale vers un amour sexuel plus épanoui.
Bien sûr, l’homme va tirer de l’alchimie de l’amour les substances chimiques qui rétabliront les altérations de sa fonction sexuelle. Il ira voir son médecin traitant. Et sans être trop psychologisant, le rétablissement du trouble érectile par la réponse biomédicale lui paraît pour autant insuffisant : il se plaint d’un plaisir restant trop génital avec peu de puissance orgastique. La chimie du plaisir ayant œuvrée pour le retour de l’érection doit manifestement s’ouvrir aux lumières des techniques de la sexologie relationnelle. Les compétences du psychosexologue clinicien sont donc utiles et doivent être alliées nécessairement àcelles du médecin, comme il en est inversement pour ce dernier car elles permettent à la fonction sexuelle rétablie sur un plan mécaniciste de s’humaniser. Sans le savoir, ce patient exprime son désir de quitter l’automatisme de la performance sexuelle devant la Vulva turgescente pour s’identifier à d’autres figures masculines viables intégrant leur part féminine faîte de douceur, de sentiment, d’amour et d’idée du rapport de genre.
C’est le psychosexologue clinicien qui apportera à ce patient la dimension relationnelle inscrivant l’amour au-delà de la performance sexuelle. C’est à dire qu’il va lui apprendre à être plus proche de ses émotions et de ses sentiments.
Ainsi le psychosexologue clinicien devient un «humanologue» qui donne les moyens de développer les aptitudes émotionnelles et relationnelles du sujet avec sa ou son partenaire, tout en lui permettant de réfléchir sur sa relation. Il l’aide à engager sa sensualité au-delà de l’acte génital et donc de libérer son toucher, de ne plus avoir peur du contact, des marques d’affection, de tendresse, de caresses attentionnées et de volupté et à développer une dimension symbolique ou  spirituelle à l’amour sexuel.

Vous le savez : ce n’est pas uniquement le rétablissement de la fonction génitale qui compte, mais de conduire l’individu à s’inscrire dans la profondeur de l’intime : c’est à dire à réunir l’expression de ses sensations, ses sentiments, ses émotions, et ses idées sur l’amour au travers de l’autre le construisant dans sa position d’homme ou de femme. Cela demande du temps à faire penser, à faire penser autrement.
La sexualité est donc devenue un art qui suppose nécessairement une pluridisciplinarité thérapeutique afin de restaurer pleinement cette puissance régénératrice qu’est l’Eros dans ses trois dimensions génitale, émotionnelle et mentale. Cette nouvelle rubrique sera consacrée aux perspectives de la psychosexologie clinique.

 

Laurent Malterre
Psychosexologue clinicien  -  Psychanalyste

 

 

 

 

Sexologos N°38

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