DE PAR LE MONDE


TROIS SYMPTOMES SEXUELS
ET UN DOSAGE
 

   Le concept d’andropause ou d’hypogonadisme de survenue tardive demeurait mal précisé. Un effort de définition, d’établissement de lien entre les éléments cliniques et les seuils biologiques semblait nécessaire. C’est la mission que ce sont attribué les investigateurs de l’ «European Male Aging Study» (EMAS), Frederick C.W. Wu (Manchester, Royaume-Uni) et coll. Leur enquête auprès de 3 369 hommes, âgés de 40 à 79 ans, leur a permis de conclure que cet hypogonadisme se caractérise par la survenue d’au moins trois symptômes sexuels associés à une baisse des taux de testostérone (<11 nmol/l, soit 3,2 ng/ml).

L’étude a été menée dans huit pays européens. Un questionnaire a été fourni aux participants. Il portait sur la santé sexuelle, physique et psychologique. Tous ont également subi un dosage unique de testostérone, totale et libre.

Les signes cliniques à rattacher à la baisse de la testostérone demeurent classiques. Au plan sexuel, il s’agit de : moins d’érections matinales, baisse de la libido et dysfonction érectile. Sur un plan plus général, un lien s’établit avec l’incapacité d’accomplir une activité physique vigoureuse, des signes de dépression, une asthénie. Pourtant les auteurs constatent que la différence des taux de testostérone entre les hommes symptomatiques et asymptomatiques est minime. Ils concluent à une faible association entre la clinique et la biologie.

En affinant l’enquête, la place des symptômes sexuels apparaît prépondérante dans le diagnostic. Mais ils ne suggèrent de baisse hormonale que si les taux sont effondrés. Quant à la baisse de la vigueur physique, elle est associée à une testostéronémie inférieure à 13 nmol/l. Les critères psychologiques, enfin, ne fournissent aucune indication sur les taux hormonaux.

Selon ces critères, sur la population enrôlée, l’hypogonadisme ne touchait que 2,1
% des participants… bien moins que ne le suggéraient les dosages biologiques. Cela souligne l’importance de l’association clinico-biologique dans le diagnostic.

Les auteurs reconnaissent des limites à leur travail. Il s’agit d’une enquête fondée sur des déclarations et sur un dosage unique.
Rien ne prouve non plus que la symptomatologie soit directement due à la carence hormonale. L’utilisation de ces nouveaux critères peut éviter des diagnostics d’hypogonadisme par excès, et donc d’inutiles traitements substitutifs par testostérone, d’autant que le travail ne fournit pas les éléments suffisants pour mettre en place cette thérapeutique.
 

New England Journal of Medicine, doi : 10.1056/NEJMoa0911101.

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