Sexologos  n° 27

Mars   2007 

Jacques CHAUMERON 

 

 

Chronique des 
rencontres annoncées
.

 

Il n’avait pris aucune revue ; il attendait. Guettant peut être ma survenue, installé face à l’entrée de la salle d’attente. Aussitôt debout dès l’ouverture de la porte, un sourire de mise, il avance un peu raide, la main tendue devant lui.

La trentaine avancée, un physique rude souligné par son crâne rasé ; les yeux petits, enfoncés et vifs qui fixent. L’allure est sportive, la présentation stricte, la démarche économique. C’est un militaire voué au combat, je l’apprendrai un peu plus tard; du reste dans quelques mois il repart. Il s’installe face à moi, toujours l’ombre d’un sourire sur des lèvres charnues qui semblent posées sur son visage anguleux. Parade à la tension lisible. Il attend mes questions. Ses réponses seront succinctes. Uniquement des réponses, pas de commentaires, pas de développement. Alexithymie ?

Je saurai pourtant le déficit de son désir, son désintérêt et l’absence actuelle de vie sexuelle, la déroute de son couple, les conflits et les perspectives de séparation, les troubles de son érection, son éjaculation prématurée dés les premières expériences bien tardives pour lui, ses évitements et ses peurs, ses complexes aussi, ce sexe trop petit selon lui. Je saurai aussi ses excitations et ses fantasmes, ses nuits pleines dans les bordels de Djibouti ou d’ailleurs, ses préférences pour des partenaires plus âgées, bien plus âgées que lui : «plus vieilles que ma mère». Là, aucun problème, il bande. Et je sais très vite son exigence, avant son départ prochain, d’un moyen simple et efficace pour une puissance (re)trouvée. Il a d’ailleurs lu quelques articles dans la presse.

Je m’y résous quinze jours plus tard lors de notre deuxième entretien après qu’il eut tenté quelques approches avec des partenaires. Sans succès, sans entrain. Plus inhibé encore.
Pédagogique, je lui explique la prescription et la nécessité du contexte érotique ; les caresses et le lâcher-prise. Il repart avec l’ordonnance.

Quinze jours de plus, il revient. Il m’apprend d’emblée qu’il n’a pas utilisé le médicament mais qu’il vient de prendre un comprimé quelques heures avant la consultation. Il souhaite qu’on évalue ici l’efficacité du produit….. !!?

Silence poli mais navré du thérapeute….

 


(à suivre.....).

 

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