"
Le soleil ni la mort ne se
peuvent regarder fixement ",
écrit La Rochefoucauld. Cela fait
au moins une différence avec le
sexe : le regarder fixement, voilà
ce que peu d’hommes et de
femmes, de nos jours,
s’interdisent ou redoutent.
Pourquoi, s’agissant de sexualité,
est-ce pourtant cette formule qui
m’est venue, jusqu’à me fournir
mon titre ? Peut-être parce que
l’essentiel, ici aussi, échappe au
regard, ou l’aveugle, tout en
continuant de le fasciner. Le
sexe est un soleil ; l’amour, qui
en vient, s’y réchauffe ou s’y
consume. Les mortels, disaient
les Anciens pour distinguer les
hommes des animaux et des
dieux. Nous pourrions nous
nommer les amants : non parce
que nous serions les seuls à
avoir des rapports sexuels, ni à
aimer, mais parce que le sexe et
l’amour, pour nous, sont des
problèmes, qu’il faut affronter ou
surmonter. Cela définit au moins
une partie de notre humanité :
l’homme est un animal érotique.
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