« - Comment dites-vous ce mot-là, Madame ? – Obscénité, Madame. – Ah ! mon Dieu, obscénité. Je ne sais ce que ce mot veut dire :, mais je le trouve le plus joli du monde ». N’en déplaisent aux précieuses ridiculisées par Molière, les emplois du mot obscénité en 1663 dessinent les contours de la pudeur publique depuis près d’un demi-siècle. Quarante ans plus tard, son pouvoir de
censure est devenu tel que le philosophe Pierre Bayle publie un long « Éclaircissement sur les obscénités » pour accompagner la réédition de son très controversé Dictionnaire historique et critique.
Les discours sur l’obscène traversent l’âge classique, depuis le procès de Théophile de Viau en 1624 jusqu’au réquisitoire prononcé en 1794 par Robespierre contre une loi visant à interdire l’exposition des gravures indécentes.
S’il n’est guère étonnant de les croiser à l’occasion de débats sur l’honnêteté langagière, la pudeur des femmes ou les bienséances artistiques, l’obscénité s’invita aussi aux discussions des médecins, des traducteurs, des historiens, etc. Reliés entre eux, ces discours font apparaître comme en creux l’empreinte du Classicisme : les
savoirs, représentations et sentiments que la culture des XVIIe et XVIIIe siècles rejeta pour advenir.
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